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Transports

Les Français privés de trains de nuit

Alain Vidalies, secrétaire d'Etat aux Transports, a annoncé que l'Etat renonçait à financer l'exploitation déficitaire des lignes de nuit de la SNCF à l'exception de Paris-Briançon et entre Paris-Rodez. Les autres lignes Intercités subventionnées vont en revanche être modernisées.

Les voyages en couchettes, c'est du passé ou presque. Le gouvernement a décidé de cesser de financer à perte la quasi-totalité des trains de nuit de la SNCF. Seules deux lignes seront maintenues (Paris-Briançon et Paris-Rodez-Latour-de-Carol) a annoncé ce vendredi 19 février le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies.

Le gouvernement met en revanche le paquet sur les dessertes assurés par ces trains dits d'équilibre du territoire (TET) que le grand public connaît sous leur appellation commerciale, les intercités. L'Etat va lancer un appel d'offres pour renouveler le matériel sur au moins trois des quatre lignes jugées "structurantes", pour un montant de 1,5 milliard d'euros. Et d'ores et déjà, 30 rames supplémentaires vont être commandées à Alstom.

Depuis la signature d'une convention en 2010 entre l'État et la SNCF, en cours de renouvellement pour la période 2016-2020, l'État est devenu une "autorité organisatrice de plein exercice". En clair, il peut décider lui-même des mesures à prendre pour assurer la bonne marche du réseau des TET et, notamment, apporter les subventions nécessaires pour maintenir un service non rentable pour la SNCF qui continue à assurer son fonctionnement.

Baisse de fréquentation

Depuis 2011, la fréquentation des trains Intercités (jour et nuit confondus) a baissé de 20% et le déficit devrait dépasser 400 millions d'euros cette année. Il existe 22 lignes TET de jour et 8 lignes TET de nuit. Lors de la présentation de sa feuille de route le 7 juillet dernier, Alain Vidalies avait déjà annoncé que l'État s'engageait à investir 1,5 milliard d'euros pour renouveler le parc de matériel roulant des lignes "structurantes" d'ici 2025.

Lors de la présentation de sa feuille de route le 7 juillet dernier, Alain Vidalies avait déjà annoncé que l'État s'engageait à investir 1,5 milliard d'euros pour renouveler le parc de matériel roulant des lignes "structurantes" d'ici 2025. Il n'avait cependant pas précisé si le gouvernement entendait recourir à un appel d'offres ou passer commande directement auprès d'Alstom dans le cadre du contrat signé en 2009 qui lie ce dernier à SNCF Mobilités et prévoit une commande allant jusqu'à 1.000 trains TER Regiolis.

Plusieurs sénateurs ainsi que des représentants syndicaux d'Alstom ont fait entendre leur voix récemment pour inciter l'État à ne pas recourir à l'appel d'offres afin de préserver l'emploi. Le gouvernement semble avoir opté pour une solution intermédiaire en passant commande de 30 nouvelles rames à Alstom. Réagissant à cette annonce, le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge s'est dit "content pour les 30 rames" mais "déçu pour Alstom et pour la filière ferroviaire que l'on passe par un appel d'offres". Concernant l'usine d'assemblage de Reichshoffen (Bas-Rhin), la plus concernée par ces commandes, le PDG a expliqué que 30 nouvelles rames correspondaient à 9 mois de production.

Paris-Cherbourg: un traitement à part

Mais quand bien même Alstom gagnerait l'appel d'offres qui sera lancé, "cela ne pourrait pas donner lieu à une production avant 2021-2022", selon lui. "Le trou de production à Reichshoffen est avéré à partir de fin 2018 et ce pour une durée d'au moins 3-4 ans", a-t-il ajouté. La quatrième ligne structurante Paris-Cherbourg fait l'objet d'un traitement à part en raison de caractéristiques techniques spécifiques. Pour cette ligne, le renouvellement pourrait prendre la forme d'une commande directe au groupe canadien Bombardier, également lié à SNCF Mobilités par un contrat existant, ou d'un appel d'offres. Concernant les trains de nuit, qui représentent 25% de déficit alors qu'ils ne transportent que 3% des passagers, le gouvernement annonce son désengagement de 6 des 8 lignes existantes. Il préserve Paris-Briançon et Paris-Rodez-Latour-de-Carol.

Il lance toutefois un "appel à manifestation d'intérêt" pour permettre à d'éventuels opérateurs ferroviaires de proposer de "nouveaux schémas d'exploitation innovants". Pour dire les choses plus clairement, cela signifie que ces lignes seront ouvertes à la concurrence. 

D. L. avec AFP