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Transition énergétique: comment améliorer la gestion de la filière bois

Le développement du bois énergie viendra de l'initiative forte des territoires selon l'Irstea, l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture

Le développement du bois énergie viendra de l'initiative forte des territoires selon l'Irstea, l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture - B.Nusillard- Irstea

Le projet de loi sur la transition énergétique a été voté mardi par l'Assemblée nationale. Parmi les leviers importants, la valorisation énergétique de la biomasse forestière. Le bois énergie représente déjà 45% des énergies renouvelables en France, loin devant le photovoltaïque. Une meilleure gestion des ressources permettrait d'optimiser le secteur. Irstea, l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture livre ses pistes.

La France a un énorme potentiel mais la forêt est encore sous exploitée. C'est en résumé la conclusion des études menées par Irstea. 75% des forêts françaises sont privées mais aussi très morcelées. C'est ainsi que le pays de Savoie compte 100.000 hectares de forêt et autant de propriétaires: 0,8 hectares par propriétaire. En montagne d'ailleurs, la gestion des forêts est rendue plus complexe pour des raisons climatiques mais aussi de topographie.

Par ailleurs, les exploitants de la forêt rechignent encore dans certains cas à ne pas proposer les bois de la meilleure qualité. Il est nécessaire de faire évoluer les mentalités sur le sujet, estime Frédéric Berger ingénieur de recherche en sciences forestières au sein d'Irstea. L'Institut croit beaucoup à la mise en place d'une filière autour d'une collectivité locale.

C'est un territoire qui va donner l'impulsion: décider la mise en place de chaudières bois et donc chercher à s'approvisionner au mieux locales. Pour Tina Rambonilaza, directrice de recherche en économie 'les acteurs du secteur sont très nombreux et souvent dispersés". Les régions sont donc en première ligne pour les fédérer.

5 hectares en quelques heures

Il y a des exemples d'initiatives réussis comme dans le massif de Gascogne premier territoire de forêt cultivée. Après le passage de la tempête Klaus les souches jusqu'alors inexploitées sont progressivement devenues une ressource énergétique pour les chaudières de cogénération. Les coopératives forestières seraient ainsi une bonne solution.

Pourquoi ne pas envisager une autre façon d'aborder la propriété à l'image d'un actionnariat. A l'intérieur d'un massif chaque propriétaire aurait une part de marché. De quoi revaloriser plus efficacement cette ressource. Les nouvelles technologies permettent de cartographier la forêt. En quelques heures un drone peut passer au crible 5 hectares de forêt. "Il faut que le matériau bois devienne un produit industriel" pour Frédéric Berger.

En matière de méthanisation la problématique est la même. Il s'agit ainsi de définir l'implantation optimale de méthanisateurs sur un territoire en fonction des ressources disponibles. Un test a été réalisé sur le Pays de Fougères en Ille et Vilaine et dans la communauté d'agglomération de la Carène en Loire Atlantique. Avec la PME Akajoule, un outil logiciel de planification territoriale dédié à la méthanisation est mis au point. Il y a urgence à structurer le secteur. Le gouvernement vise l'installation de 1.000 méthaniseurs sur l'ensemble de la France d'ici à 2020.

Nathalie Croisé