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Pour 83% d'entre vous, la transition énergétique est freinée par les désaccords européens

La transition énergétique a un coût qui doit être compatible avec les dépenses publiques.

La transition énergétique a un coût qui doit être compatible avec les dépenses publiques. - -

En Europe, chaque pays s'est lancé dans la transition énergétique. Mais les moyens mis en oeuvre et les choix énergétiques ne sont pas toujours les mêmes. Pour 83%, ces désaccords rendent le processus peu efficace.

Il n'y a pas de politique européenne de la transition énergétique "parce que les Etats n'en veulent pas". Voilà l'explication simple et claire de Cécile Maisonneuve, directrice du Centre Energie de l'Institut français des relations internationales (Ifri). L'énergie est en effet une question de souveraineté, et les pays sont peu enclins à déléguer des pouvoirs à l'Europe dans le domaine.

Pour 83% d'entre vous, ces contraintes nationales freinent la transition énergétique. Un avis que partage la spécialiste: "avoir un cadre commun et clair, cela permettrait aux investisseurs d'avoir une meilleure vision".

60 milliards d'euros par an

Du côté de la France, l'euphorie des premiers instants est retombée. Faire évoluer sa politique énergétique a un coût parfois très lourd. Si la France retient le scénario d'une baisse de la consommation de 50% à l'horizon 2050, le coût d’investissement sera de l'ordre de 60 milliards d’euros annuels.

En 2007, avant la crise, ces investissements ne semblaient pas être un obstacle. Pour le Premier ministre de l'époque, François Fillon, la France devait s'engager dans ''la croissance verte'' et faire du développement durable et de la recherche en environnement "un atout pour son économie".

Génératrice de croissance et gisement d'emplois, elle repose sur la mobilisation des secteurs économiques traditionnels - industries lourdes et agriculture -, des entreprises privées et de la recherche. Les laboratoires ont donc, comme les entreprises, un rôle majeur pour faire progresser cette ''croissance verte''.

Le Grenelle de l'environnement a donné l'impulsion. Dans le bâtiment, l'objectif est de réduire les consommations du parc existant d'au moins 38% pour 2020. Les émissions annuelles de gaz à effet de serre dans le secteur des transports ont été ramenées au niveau qu'elles avaient atteint en 1990. Le recyclage des déchets ménagers s'il n'est pas aussi optimisé que chez certains de nos voisins, progresse cependant.

La fiscalité écologique en question

Mais l'argent manque. Selon le dernier rapport de la Cour des comptes, de janvier 2012, les recettes obtenues depuis l'institution du Grenelle se chiffrent à 1,27 milliard d'euros, pour près de 4 milliards de dépenses fiscales. Le bonus-malus écologique, mis en oeuvre en 2007, aurait, à lui seul, coûté à l'Etat 1,25 milliard d'euros entre 2008 et 2010.

L'idée d'une taxe carbone n'a jamais abouti. François Hollande a annoncé lors de la conférence environnementale de septembre dernier la mise en place d'une contribution climat-énergie, mais les précisions se font attendre.

Et pendant ce temps là, l'Etat s'est lancé dans le vaste chantier de la rénovation thermique: 500.000 logements rénovés par an à l'horizon 2017. Le budget 2014 du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie est, lui, en recul de 500 millions d’euros, soit une baisse de 6,5 % sur un an, selon le projet de loi de finances.

Sans parler de la fermeture de centrales nucléaires. Même si certaines mesures fiscales sont censées en financer une partie, les sommes ne seront certainement pas suffisantes au regard des coûts que cette mesure représenterait. La Cour des comptes estime le coût du démantèlement des 58 réacteurs français à 18,4 milliards d'euros, soit une moyenne de 317 millions d'euros par réacteur.

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Nathalie Croisé de BFM Business