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Pour 58% d'entre vous, la transition énergétique est une opportunité économique

L'Europe souhaite réduire drastiquement sa consommation d'énergie, mais à quel prix?

L'Europe souhaite réduire drastiquement sa consommation d'énergie, mais à quel prix? - -

La transition énergétique peut être une chance pour l'économie européenne, selon 60% d'entre vous. Développer de nouvelles sources d'énergie permet-il aussi de créer de nouveaux emplois? "Il faut être prudent", répond Jacques Percebois, spécialiste de l'énergie.

Pour presque 60% d'entre vous, la transition énergétique est une chance pour l'économie européenne. Le développement des énergies renouvelables permet ainsi de créer de nouveaux emplois. Mais "il faut être prudent", tempère Jacques Percebois, économiste et spécialiste de l'énergie.

La transition énergétique créée des emplois dans certains domaines, mais peut en détruire dans d'autres, prévient-il. "Il faut faire le bilan final, regarder les emplois directs et indirects et les emplois induits, liés au prix de l’énergie pour les industriels", explique Jacques Percebois.

Une approche pays par pays plutôt qu'européenne

Pour développer des emplois dans les renouvelables, encore faut-il s'accorder sur les objectifs. Les pays industrialisés se réuniront à Varsovie du 11 au 22 novembre prochain, pour s'entendre sur une stratégie permettant de respecter l'engagement pris à Copenhague en 2009: mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020.

L'Europe a décidé de placer la barre très haut mais sans obligation: une réduction de 20% de la consommation d’énergie primaire pour 2020 et atteindre au moins 20% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale dans les mêmes délais.

Mais beaucoup de pays en sont très loin. En février 2011, les chefs d’État et de gouvernements ont d'ailleurs reconnu que "l’objectif pour 2020 de 20% d’efficacité énergétique en plus n’était actuellement pas sur la bonne voie." Plusieurs acteurs avaient demandé que cet objectif soit rendu contraignant, ce qui n'est pas le cas.

Depuis le traité de Lisbonne, chaque pays est libre de choisir son bouquet énergétique. Pour preuve, l'opposition farouche du gouvernement français au gaz de schiste. Il y a peu, les patrons des groupes énergétiques européens sont montés au créneau pour appeler à l’arrêt des aides publiques aux énergies renouvelables qui "ajoutent des surcapacités aux surcapacités".

La Chine: charbon et énergies renouvelables

Pendant ce temps, les géants avancent. La Chine, premier consommateur d'énergie au monde, est le plus gros utilisateur de charbon. Son économie en dépend pour 70%. Ce qui ne l’empêche pas dans le même temps d'être le leader mondial sur le marché des énergies renouvelables avec une augmentation de 22% en 2012. Ce qui représente des investissements de 67 milliards de dollars, majoritairement dans les technologies solaires.

La Chine joue sur les 2 tableaux. Elle a décidé de miser sur le gaz de schiste pour subvenir aux besoins de ses habitants. En octobre, Pékin a organisé un appel d’offre pour l’exploitation de vingt blocs sur son territoire. Les réserves exploitables s’élèveraient à 25.000 milliards de mètres cube.

Mais le rapport de Bloomberg New Energy Finance d'août dernier affirme que d'ici 2030, le charbon, qui est à l’origine de 67% de l’électricité produite en Chine, aura perdu un peu de son poids dans le mix électrique du pays: dans une quinzaine d’années, il ne représentera plus que 44% de l’électricité produite.

Etats-Unis: pétrole et efficacité énergétique

De leur côté, les États-Unis deviendront entre 2017 et 2020 le premier producteur de pétrole du monde, dépassant l'Arabie Saoudite. Dans deux ans, ils produiront davantage de gaz que la Russie. C'est du moins ce qu'affirme l'Agence internationale de l'énergie.

Barack Obama mise sur le gaz de schiste. Le président américain estime que l’exploitation des gaz non conventionnels a permis de faire baisser à la fois le prix de l’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. Il a conscience que de grands efforts restent à accomplir par son pays sur le plan environnemental. En février, il a incité le Congrès a adopter un projet de loi sur la réduction des émissions polluantes incluant un système de quotas d’émissions de CO2.

Il faut dire que les énergies renouvelables représentent un peu plus de 11% de la production énergétique primaire américaine. Mais elles gagnent du terrain. Barack Obama souhaite par ailleurs accélérer les travaux en matière d’efficacité énergétique en instaurant de nouvelles normes. Les mesures adoptées depuis son élection auraient permis de doubler le nombre de voitures hybrides, d’accroître l’usage d’énergies renouvelables de 7%, et d’octroyer 2 milliards de dollars pour accroître l’efficacité énergétique des bâtiments fédéraux.

Nathalie Croisé et de BFM Business