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Travailler dimanche et voter sans procuration? Les DRH s'organisent

La loi Macron précise que "L'employeur prend toute mesure nécessaire pour permettre aux salariés d'exercer personnellement leur droit de vote au titre des scrutins nationaux et locaux lorsque ceux-ci ont lieu le dimanche."

La loi Macron précise que "L'employeur prend toute mesure nécessaire pour permettre aux salariés d'exercer personnellement leur droit de vote au titre des scrutins nationaux et locaux lorsque ceux-ci ont lieu le dimanche." - Philippe Huguen - AFP

Pour certains salariés, les scrutins des 23 avril et 7 mai marquent une première: travaillant dans les magasins ouverts le dimanche depuis la loi Macron, ils vont devoir s'organiser pour accomplir leur devoir de citoyen. Certains employeurs ont mis en place un dispositif spécial.

Pour certains professionnels -infirmiers, cheminots, personnel travaillant dans la restauration- le travail dominical fait, depuis toujours, partie de leur quotidien. Lors de la tenue d'élections, ils sont donc habitués à anticiper notamment en votant par procuration.

Mais pour des milliers de salariés travaillant dans le commerce, dont le rythme de travail a changé avec la loi Macron permettant l'ouverture dominicale, les scrutins des 23 avril et 7 mai marquent une première. Ils vont devoir concilier leur agenda professionnel avec leur devoir de citoyen.

Une situation que la loi Macron du 6 août 2015 a prévu. L'article 247 dispose que "l'employeur prend toute mesure nécessaire pour permettre aux salariés d'exercer personnellement leur droit de vote au titre des scrutins nationaux et locaux lorsque ceux-ci ont lieu le dimanche".

Des magasins qui ouvrent plus tardivement le dimanche

Certaines entreprises, en concertation avec les représentants syndicaux, ont fait le choix d'inscrire dans leur accord de groupe sur le travail du dimanche leurs engagements sur ce point. C'est le cas du groupe Nature & Découvertes, dont l'accord précise que "l’encadrement du magasin veillera à ce que les plannings des salariés électeurs leur permettent le cas échéant d’exercer personnellement leur droit de vote".

La majorité des accords signés à ce jour fait l'impasse sur le sujet. Bien souvent car les horaires d'ouvertures dominicaux étant plus réduits qu'en semaine, il est simple pour les salariés de se rendre aux urnes avant ou après leur travail. "Les Galeries Lafayette et le BHV Marais ouvrant à 11h, nos représentants du personnel n’ont pas fait remonter la nécessité de prévoir un dispositif complémentaire", indique le service de communication du groupe Galeries Lafayette.

Un droit à l'indisponibilité ponctuelle à la Fnac

Les entreprises contactées expliquent œuvrer en toute intelligence avec leurs salariés qui veulent aller voter. A la Fnac, où environ 500 salariés travaillent actuellement le dimanche à Paris, le service des ressources humaines explique étudier les situations au cas par cas. "On a toujours eu une attention particulière lors des scrutins, bien avant la loi Macron, car il y avait déjà une dizaine de magasins Fnac qui ouvraient les dimanches", souligne Philippe Piron, DRH du groupe Fnac-Darty.

"Si un salarié a besoin de sa journée car il est éloigné de son bureau de vote, notamment après un déménagement, ou bien si il veut être scrutateur, il a la possibilité de faire jouer son droit à l'indisponibilité ponctuelle", précise le DRH. Il s'agit d'une disposition prise dans le cadre de l'accord de branche: un salarié peut s'abstenir de travailler deux dimanches par semestre, sans avoir de justificatifs à fournir. Sa seule obligation est d'en informer son chef de service une semaine avant afin d'avoir le temps de réorganiser le planning des équipes. Les salariés de Darty ne bénéficient pas de cette clause, mais le DRH insiste là encore sur le bon sens qui prévaudra lors de l'organisation des emplois du temps.

Jardiland offre une heure pour aller voter

Une enseigne a décidé de marquer le coup: Jardiland. La chaîne de jardinerie accorde une heure sur leur journée de travail à ses salariés pour qu'ils puissent se rendre aux urnes. Une facilité bienvenue car, contrairement aux magasins parisiens, les horaires d'ouverture des jardineries (de 9h30 à 19 heures) peuvent compliquer la tâche pour certains salariés.

"Chaque directeur de magasin va aménager le planning, en fonction de ceux qui veulent commencer plus tard, partir plus tôt ou encore veulent aller voter le midi", explique le président de Jardiland Thierry Sonalier, pour qui cette décision "est normale pour une entreprise qui vit dans une République" et n'a pas cherché à évaluer son coût.

Les salariés devront néanmoins fournir la preuve de leur vote en montrant leur carte d'électeur dûment tamponnée. Seuls les 100 magasins détenus en propre par Jardiland et les 1.750 salariés œuvrant le dimanche sont concernés par cette mesure. Dans les 83 autres magasins en franchise, chaque directeur reste libre d'appliquer ou non cette mesure.

Coralie Cathelinais