Un fonds activiste veut "dégager" Vivendi de la direction de Telecom Italia
Le fonds activiste Elliott, entré au capital de Telecom Italia, est parti à l'attaque contre le principal actionnaire Vivendi. Il demande la révocation de six membres du conseil d'administration de l'opérateur, dont Arnaud de Puyfontaine, président du directoire du groupe français.
Entré en 2015 au capital de Telecom Italia dont il contrôle 24%, Vivendi n'est plus en odeur de sainteté dans la Péninsule. Entré à son tour au capital de l'opérateur télécoms, sans indiquer à quel niveau ni quand, le fonds Elliott Management veut sortir la direction mise en place en 2017 par le groupe français sous la houlette de Vincent Bolloré.
Le fonds souhaite ni plus ni moins que la révocation d'Arnaud de Puyfontaine, Hervé Philippe, Frédéric Crépin, Giuseppe Recchi, Félicité Herzog et Anna Jones lors de la prochaine assemblée générale de Tim, convoquée pour le 24 avril 2018.
Arnaud de Puyfontaine est président exécutif de Telecom Italia, homme de confiance du milliardaire français et président du directoire de Vivendi, tandis que Guiseppe Recchi est vice-président exécutif, même s'il est sur le départ.
Le fonds Elliott veut nommer six administrateurs italiens
À la place des six administrateurs dont il réclame le départ, Eliott souhaite nommer six Italiens, dont Luigi Gubitosi, actuel administrateur d'Alitalia."Elliott demande la décapitation de la tête dirigeante de l'opérateur. Il demande à Vivendi de faire deux pas en arrière", a analysé Carlo Alberto Carnevale Maffè, professeur de stratégie à l'Université Bocconi de Milan. La veille, semblant faire un pas en direction d'Elliott, un porte-parole de Vivendi avait indiqué qu'Arnaud de Puyfontaine envisageait de suspendre ses fonctions exécutives au sein de Tim "pendant le temps" du débat sur la stratégie à adopter pour l'opérateur.
"Pour autant, comme tout actionnaire sensible à la valorisation de ses investissements, Vivendi serait aussi disposé si nécessaire à accompagner une autre stratégie susceptible de faire monter le cours de Bourse de Telecom Italia sur le court terme", avait-il ajouté. Une allusion directe aux piètres résultats en Bourse de l'opérateur qui a perdu 30% de sa valeur.
En désaccord avec la stratégie de Vivendi dans Telecom Italia, Elliott, parfois qualifié de fonds "vautour", a régulièrement investi dans des entreprises en difficulté ou dont le titre est sous-évalué, en engageant souvent un bras de fer avec leur direction.
Vivendi est au tribunal face au groupe de Silvio Berlusconi
"Son objectif est de séparer le réseau, de le coter en Bourse et de le fusionner avec Open Fiber (la filiale d'Enel dans la fibre optique), ce qui est le projet de la politique italienne", commente l'universitaire italien. Un réseau complètement indépendant permettrait d'accroître la rentabilité, alors que "Telecom Italia est actuellement sous-évalué", a noté le professeur d'université, en soulignant que "des entités séparées valent plus qu'intégrées".
La situation semble ainsi se compliquer davantage pour Vivendi en Italie, qui affronte déjà au tribunal, Mediaset, groupe de média de la famille de Silvio Berlusconi, en raison d'un accord dénoncé sur la chaîne de télévision payante Premium.
"Vivendi est entré en Italie de manière brutale. Or, lorsque tu entres dans une activité très réglementée et sensible comme les télécoms, tu dois montrer un peu de savoir-faire. Vivendi se trouve désormais très isolé. Personne ne défend Vivendi, il n'a plus d'allié", conclut Carlo Alberto Carnevale Maffè, qui estime qu'il devrait de fait choisir "une solution de compromis avec Elliott".