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Quand les révélations de Snowden sur la NSA inspirent un député français 

Ancien agent contractuel de la CIA et de la NSA, Edward Snowden, réfugié en Russie, s'explique régulièrement par vidéoconférence, sur sa décision de publier en juin 2013, une série de documents confidentiels, plaçant l'agence américaine au cœur d’un scandale d’envergure mondiale.

Ancien agent contractuel de la CIA et de la NSA, Edward Snowden, réfugié en Russie, s'explique régulièrement par vidéoconférence, sur sa décision de publier en juin 2013, une série de documents confidentiels, plaçant l'agence américaine au cœur d’un scandale d’envergure mondiale. - AFP Frederic Florin

Au nom de la délégation parlementaire au renseignement, le socialiste Jean-Jacques Urvoas dresse un bilan instructif des conséquences pour la France et l’Europe, des révélations sur l'espionnage de masse pratiqué par les Etats-Unis. Voici les meilleurs extraits de son rapport.

Dix-huit mois après les publications, par Edward Snowden, des programmes d’écoutes informatiques massives de la très discrète NSA, un rapport parlementaire dresse un bilan instructif de ses conséquences.

Rédigé par le député PS, Jean-Jacques Urvoas, ce document de la délégation parlementaire au renseignement (DPR), évoque, dans un chapitre dédié, une série de leçons à tirer de ces révélations qui ont provoqué un scandale à l’échelle mondiale.

Le rapport en profite pour souligner l'étendue de puissance de cette agence de renseignement, la plus puissante au monde, forte de 35 000 employés et d’un budget d’environ 10,8 milliards de dollars.

L’auteur du rapport insiste sur l’incroyable investissement des États-Unis dans les moyens dédiés au renseignement technique, pour mieux souligner l’effort que doit maintenir la France dans ce domaine. " Les services américains se saisissent donc de toutes les opportunités, leurs ingénieurs repoussent sans cesse les limites connues, accumulent des savoirs et des pratiques inédites dans l’histoire contemporaine …(...) On peut donc imaginer que, depuis, les investissements ont continué à croître puisque la réforme a minima proposée par le président Barack Obama en janvier 2014 a été sèchement rejetée par le Sénat, le 18 novembre dernier. "

Une certaine fragilité causée par les politiques massives d'externalisation

Tout en rappelant le caractère strictement légal, du point de vue des lois américaines, des actions conduites par la NSA, le rapport souligne la fragilité intrinsèque de l’appareil de renseignement américain. La cause en serait les politiques massives d’externalisation voire de privatisation : " à l’évidence, les services sont devenus dépendants de l’industrie dont les motivations sont rarement altruistes. Ainsi ce qui était de longue date une fonction régalienne est devenue une vaste entreprise menée conjointement par l’État et les milieux d’affaires."

Mais, selon le député, au-delà de ces confirmations, les révélations d’Edward Snowden apportent aussi des informations. Ainsi, la dépendance technique de nombreux pays européens à l’égard des États-Unis le surprend. " À l’évidence une telle situation de fait illustre l’absence de souveraineté européenne, ce que l’on peut amèrement regretter." ajoute-t-il.

La dangerosité potentielle des géants de l'Internet

L’auteur souligne toutefois que la France ferait figure de modèle réellement à part, grâce au développement de capacités toujours plus autonomes, notamment par la DGSE. L’auteur se lance dans un plaidoyer expliquant la différence d’action de la NSA et de la DGSE : " là où la NSA intercepte et stocke massivement les flux de communication puis sollicite des autorisations pour exploiter les informations conservées, la DGSE sollicite des autorisations de collecte extrêmement précises et ciblées sur des zones de crise ou de menace."

De même, le rapport en profite pour appeler à une réelle prise de conscience de la dangerosité potentielle des grandes entreprises de l’internet. " Il faut que les opinions publiques comprennent que le principal facteur d’aliénation de la liberté individuelle réside dans l’abandon des données consenti par chacun. Et pour la DPR, ce risque est bien plus dangereux pour le citoyen que l’activité exercée par les services de renseignement." insiste le député.

Frédéric Bergé