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Une start-up a créé une appli anti-triche et l'a testée sur Sarkozy

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La start-up suisse OrphAnalytics vend cepuis cette année aux universités un logiciel capable de déceler si le mémoire d'un étudiant a bien été écrit par lui. Un outil efficace qui a fait d'étonnantes trouvailles dans l'oeuvre livresque de Nicolas Sarkozy.

Le phénomène des "ghost writers" est-il en train de gangréner l'université? Selon le site de la RTS, plusieurs centaines d'étudiants y auraient eu recours en Suisse, rien que l'année dernière, pour leur travail académique. Qu'est-ce que le "ghost writing"? Il s'agit ni plus ni moins que le recours à un "nègre" pour rédiger son mémoire ou sa thèse. Si le phénomène est encore peu connu en France où les tricheurs privilégient le plagiat (moins coûteux...), il serait très développé en Suisse. Une pratique assez coûteuse (la RTS s'est fait faire un devis de 1.600 euros pour 80 pages auprès d'un site spécialisé) mais qui permettrait aux étudiants fortunés d'obtenir leur diplôme sans se fatiguer.

Peut-être plus pour longtemps. OrphAnalytics, une start-up suisse, a mis au point un logiciel qui serait capable de détecter le travail d'un prête-plume. Un exercice peu évident. Car si le plagiat se détecte assez bien aujourd'hui grâce à des logiciels d'une efficacité redoutable, le "ghost writing" est bien plus délicat à mettre au jour. Pour ce faire, la start-up fondée par un biologiste s'est inspirée de l'analyse du génome humain. Le logiciel découpe le texte en plusieurs parties identiques et analyse chacune d'entre elles. Objectif: identifier les effets de style et le choix des mots mais aussi la construction et la longueur des phrases. Car Claude-Alain Roten, le concepteur du logiciel, est formel: "chaque individu a un style d'écriture homogène." Ainsi en comparant un texte avec d'anciens travaux de l'étudiant conservé par l'Université (notamment lors d'examens), OrphAnalytics peut détecter les triches éventuelles.

Bayrou plus fiable que Sarkozy

Actuellement testé par une université suisse, la Haute école spécialisée de Suisse occidentale, le logiciel montre des résultats prometteurs selon le directeur de l'établissement qui conseille néanmoins de l'utiliser parallèlement avec des programmes de détection de plagiat. D'ailleurs selon son concepteur, l'outil serait encore perfectible. "Notre logiciel ne donne pas une preuve irréfutable de "ghost writing", il met en avant les textes suspects", reconnaît Claude-Alain Roten.

Et des textes suspects, OrphAnalystics en a découvert chez... Nicolas Sarkozy. La start-up s’est en effet amusée à tester les œuvres complètes de l'ancien président de la République dont le dernier "La France pour la vie" qui vient de sortir. Le logiciel met en avant des différences stylistiques (voir les nuages de points de l'illustration) qui, selon le patron de la start-up, laissent à penser que tous les ouvrages n’ont pas été écrits par la même personne. S'il s'agissait d'écrits destinés à valider un diplôme, Nicolas Sarkozy serait soupçonné de tricherie. A la différence de François Bayrou dont l'oeuvre a aussi été testée par le programme. Ses cinq livres publiés entre 1998 et 2013 ont bien été écrits par la même personne. Donc soit le président du Modem écrit lui-même ses livres, soit il est très fidèle à son "nègre".

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Frédéric Bianchi