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Veolia met à pied deux cadres ayant investi chez un de ses prestataires

Deux hauts cadres de la branche Eau de Veolia France sont incriminés après être devenus actionnaires d’une société luxembourgeoise, à qui le groupe français avait confié un énorme contrat.

Deux hauts cadres de la branche Eau de Veolia France sont incriminés après être devenus actionnaires d’une société luxembourgeoise, à qui le groupe français avait confié un énorme contrat. - Eric Piermont-AFP

Deux hauts cadres de l'activité Eau de Veolia en France ont été mis a pied après que le groupe a découvert qu'ils avaient investi dans une petite société à qui il avait auparavant confié un important contrat de services.

Veolia a pris des mesures conservatoires à l'encontre de deux de ses cadres. Ces hauts responsables de sa branche Eau ont été mis a pied à la suite de la révélation qu'ils étaient devenus actionnaires d'une petite société à qui le groupe français avait auparavant attribué un important contrat de prestation de services. "Deux collaborateurs sont concernés par ces allégations. Ils ont fait l'objet d'une mise à pied à titre conservatoire", a indiqué le groupe, qui a été alerté par le site internet Mediapart, lequel a révélé l'information.

Les deux responsables incriminés sont Philippe Malterre, directeur général adjoint Eau France et de Jean-Philippe Franchi, cadre de cette même branche et demi-frère de son directeur général, Alain Franchi, a confirmé une source syndicale.

L'affaire remonte à la fin 2014. Veolia signe alors un gros contrat avec la société Olky Payment Service Provider, basée au Luxembourg, pour la gestion pendant sept ans de la facturation de la plupart de ses services d'eau en France. Moins d'un an plus tard, en 2015, cette société lance une augmentation de capital, à laquelle ont souscrit les deux cadres mis en cause : Jean-Philippe Franchi, via une société qu'il dirige, et Philippe Malterre, grâce à un mécanisme plus complexe, détaille Mediapart. Selon le média en ligne, ils espéraient revendre, par la suite, cette société luxembourgeoise plus de 200 millions d'euros.

Veolia a lancé 3 plans de départs volontaires en 4 ans

Ces "allégations graves", selon Veolia, ont conduit le groupe à "lancer un audit interne portant sur l'opération incriminée, et plus largement sur toutes les sociétés d'expertise de Veolia Eau France. Cet audit sera réalisé en coopération avec les avocats du Groupe", précise-t-il à l'AFP. "A l'aune des résultats de l'enquête, Veolia prendra toutes les mesures qui s'imposeront", ajoute-t-il.

Informée de ces faits, la CFDT veut que "toute la lumière soit faite dans cette affaire", a indiqué à l'AFP Hervé Deroubaix, son représentant au sein de Veolia. "Nous nous réservons le droit de nous porter partie civile et faire éclater la vérité, toute la vérité, en espérant qu'il ne s'agisse que de cas isolés", a-t-il ajouté. De son côté, le secrétaire (CGT) du comité central d'entreprise de Veolia Eau a demandé une réunion extraordinaire de l'instance pour obtenir des informations, a indiqué à l'AFP Franck Le Roux, coordinateur CGT.

Cette affaire est un nouveau coup dur pour Veolia Eau France qui a été secouée ces dernières années par des tensions entre la direction et les syndicats. Pour faire face à un marché français plus concurrentiel et à des tarifs de l'eau en baisse, Veolia a lancé trois plans de départs volontaires en quatre ans dans sa branche Eau France, qui compte actuellement près de 13.000 salariés et a réalisé 2,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2015. Le dernier en date, qui sera mis en oeuvre à partir de décembre, prévoit 429 suppressions nettes de postes.

F.B avec AFP