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Verizon aurait déboursé 4,8 milliards de dollars pour racheter Yahoo!

Plusieurs médias américains affirment que Verizon annoncera ce lundi le rachat des activités en ligne du groupe Internet américain.

Bientôt la fin de l'indépendance pour un pionnier d'Internet? Après quatre ans d'efforts infructueux de relance et une procédure d'enchères de plusieurs mois, Yahoo! semble proche d'être racheté par le géant des télécommunications Verizon.

D'après plusieurs médias américains, Verizon va annoncer ce lundi le rachat pour 4,8 milliards de dollars - soit l'équivalent de 4,373 milliards d'euros-, du cœur de métier du groupe internet américain en difficulté, qui comprend de célèbres services en ligne comme Yahoo News ou Yahoo Mail. Des informations qui confirment ce qu’avançait l’agence Bloomberg dès vendredi 22 juillet, qui tablait néanmoins sur l’équivalent de 4,55 milliards de dollars. Ni Verizon ni Yahoo! n'ont voulu commenter.

Tim Armstrong aux manettes

L'idée de Verizon est de fusionner les activités en ligne de Yahoo! avec AOL, qu'il a déjà racheté l'an dernier, et de confier la direction du nouvel ensemble au patron de cet autre ex-fleuron d'internet, Tim Armstrong.

La directrice générale de Yahoo!, Marissa Mayer, devrait pour sa part, une fois la transaction bouclée, quitter le groupe dont les actifs se résumeront à un portefeuille de brevets et des participations dans les sociétés asiatiques Alibaba et Yahoo Japan, précise le New York Times.

Ces dernières justifient déjà aujourd'hui l'essentiel de ses 37 milliards de valorisation boursière, bien loin des plus de 100 milliards affichés durant la bulle internet ou des jusqu'à 47 milliards pour lesquels Microsoft avait proposé de l'acheter en 2008.

Aveu d'échec

La vente du cœur de métier à Verizon est un aveu d'échec pour Marissa Mayer, qui avait suscité beaucoup d'espoirs lors de son arrivée aux commandes en 2012, mais vient encore d'annoncer une perte nette de 440 millions de dollars au deuxième trimestre.

Elle a tenté depuis quatre ans de relancer Yahoo! avec de multiples acquisitions, une modernisation de ses produits, et plus récemment un plan de la dernière chance réduisant les effectifs de 15% et rationalisant les activités.

Mis de plus en plus sous pression par ses actionnaires, Yahoo! n'excluait plus ces derniers mois la cession d'aucun actif, mais gardait le silence sur l'évolution de sa procédure d'appel d'offres. 

"Nous sommes en plein dans la procédure d'évaluation des propositions", avait seulement indiqué Marissa Mayer en présentant mardi les résultats trimestriels aux analystes.

"Afin de maintenir l'intégrité de la procédure, nous n'allons pas faire de commentaire jusqu'à ce que nous ayons un accord définitif à annoncer", avait réaffirmé en fin de semaine une porte-parole du groupe à l'AFP.

L'influence de Starboard Value

Yahoo! aurait confirmé avoir retenu l'offre de Verizon samedi après-midi aux autres candidats restant en lice -en particulier le fonds TPG et Dan Gilbert, le fondateur de Quicken Loans, auquel Warren Buffett s'était dit prêt à apporter une aide financière -, d'après le magazine en ligne spécialisé Re/Code.

Même si certains analystes s'interrogent sur le réel intérêt de marier deux gloires déchues d'Internet, l'idée d'un mariage entre Yahoo! et AOL a été évoquée à plusieurs reprises dans le passé.

C'était entre autres une recommandation fin 2014 du fonds activiste Starboard Value, l'un des actionnaires sous la pression desquels Yahoo! a fini par envisager un démantèlement.

Verizon, qui doit publier ses propres résultats trimestriels mardi matin, n'a jamais confirmé d'offre, mais jamais caché non plus son intérêt, et il est donné favori depuis le départ.

"Nous continuons de penser que Verizon est l'acheteur le plus sensé, pour combiner (les actifs de Yahoo!) avec AOL, réduire les coûts et tirer profit de ses données exclusives", résumait Daniel Salmon, analyste chez BMO Capital Markets.

Vidéo et publicité en ligne

Verizon ne peut plus compter seulement sur ses services de téléphonie mobile comme moteur de croissance, et s'est lancé dans une transformation stratégique: il cherche à se renforcer dans la vidéo et surtout la publicité en ligne, un marché largement dominé aujourd'hui par Google et Facebook.

Les dirigeants du groupe télécoms ont expliqué à plusieurs reprises que c'est pour ses technologies publicitaires qu'ils avaient racheté AOL, de même qu'une autre entreprise baptisée Millennial Media.

Or en plus des sites grand public à sa marque et du site de blogs Tumblr, dont la fréquentation totale est estimée à un milliard de visiteurs par mois l'an dernier par la société de recherche Trefis, Yahoo! est aussi propriétaire du spécialiste des outils publicitaires BrightRoll et de la société d'analytique Flurry.

Yahoo! serait "une possibilité pour gagner une plus grande échelle", avait reconnu le PDG de Verizon, Lowell McAdam, l'une des nombreuses fois où il avait été interrogé sur ses intentions.

A.R. avec AFP