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Vêtements recyclés: des consommateurs de plus en plus concernés

20 % des vêtements sont recyclés en France mais les Français en ont plutôt une bonne image selon une enquête de l'IFM pour Eco-TLC

20 % des vêtements sont recyclés en France mais les Français en ont plutôt une bonne image selon une enquête de l'IFM pour Eco-TLC - -

Environ 2 kilos de textiles sont collectés chaque année en France, contre 4 à 5 kilos en moyenne en Europe. Alors que les prix des matières premières devrait encore augmenter, recycler apparaît de plus en plus comme la solution idéale.

"Neuf", "comme les autres", "d'aussi bonne qualité". Les Français qui n'ont pas vu de vêtements en matière recyclée ont un a-priori très favorable. C'est l'enseignement plus qu'encourageant de l’enquête menée par l'IFM, l'Institut Français de la Mode pour le compte de l'éco-organisme Eco-TLC. Ils sont un peu moins de la moitié à en avoir déjà vu en magasin.

En tête de liste, les polaires. Les bouteilles plastiques qui deviennent des vestes ont frappé les esprits. Elles devancent largement les tee-shirts et les pulls dans l'esprit collectif.

Pour près d'un tiers des Français, cette démarche de recyclage est une bonne idée. Les enseignes commencent à la creuser. H&M en leader s'affiche ainsi avec le projet Conscious : faire de la mode écolo mais aussi glamour: fibres éco-responsables, cuirs à tannage végétal, soie bio. Et même une robe de mariée dans la ligne "Exclusive".

Certains esprits critiques mettent en avant la responsabilité toute entière d'un groupe qui ne commence pas qu'avec ses tissus mais aussi la façon dont ils sont confectionnés et aussi le lieu; H&M assure y veiller de plus en plus près. Le drame du Rana Plaza a changé la donne.

Impossible de vendre un pull moche

La sensibilisation des clients est aussi nécessaire. Depuis plus d'un an en France, les opérations de collecte de vieux vêtements se multiplient chez H&M, de toutes marques et dans n'importe quel état.
En contrepartie, des bons d'achat.

Selon l’enquête de l'IFM, une partie des Françaises y est sensible. Les plus jeunes en particulier souhaitent une compensation financière à leur geste écologique. Dans ce domaine, les enseignes sont encore nombreuses à tâtonner. C'est ainsi que le groupe Happychic qui regroupe les 3 marques Jules, Brice et Bizzbee a essuyé un échec cuisant en 2012. Un premier pull a été créé à base de jeans recyclés mais aussi de Métisse, cette fibre conçue par le Relais mais qui sert avant tout d'isolant.

Au final un pull 'assez moche" reconnaît Christèle Merter, directrice Qualité Groupe Happychic. "Nous avons eu le défaut de nous concentrer sur le process, pas sur les clients." C'est à peine une dizaine qui ont été vendus. Son nouveau slogan: "Être beau, c'est bien... Et être bien, c'est beau".

Travailler tous ensemble

Happychic n'a pas baissé les bras et c'est une nouvelle veste qui a été confectionnée différemment en répondant à l'attente des clients. Une étude de marché a été menée. Il n'y a aucune différence visible avec une veste classique. Le succès est au rendez-vous.

DBApparel qui distribue notamment Dim a abouti à la même conclusion après une tentative de collant recyclé. Il n'a jamais été vendu mais les consommatrices interrogées ont été catégoriques: le produit avait l'aspect d'un collant mousse d'il y a 50 ans. C'est donc tout le processus de fabrication qui doit être revu.

Il y a des pionniers comme les Filatures du Parc qui n'ont pas hésité à inventer une machine à détricoter les pulls et une autre à transformer la matière recueillie en fibre. Il aura fallu au moins deux années pour les mettre au point. Le fil recyclé est 15% moins cher que la fibre vierge mais le procédé exige un gros travail de manutention.

La recherche progresse. Tous les acteurs sont convaincus qu'il va falloir travailler ensemble, de la filière de tri, à la conception du produit jusqu'aux points de vente. Actuellement ce sont encore à peine 20% des vêtements qui sont recyclés en France.

Nathalie Croisé de BFM Business