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Vincent Bolloré accroît son emprise sur Vivendi

Vincent Bolloré et son fils Yannick Bolloré, PDG de Havas, siègent au conseil de surveillance de Vivendi.

Vincent Bolloré et son fils Yannick Bolloré, PDG de Havas, siègent au conseil de surveillance de Vivendi. - ERIC PIERMONT / AFP

Trois administrateurs vont quitter leurs sièges. Les proches de Bolloré verrouillent le conseil de surveillance.

Petit à petit, Vincent Bolloré accroît son pouvoir chez Vivendi. Le premier actionnaire du groupe, avec 20% du capital, continue de façonner la gouvernance à sa main. Selon plusieurs sources proches de Vivendi, trois administrateurs vont quitter leurs sièges. Il s’agit d’Yseulis Costes, fondatrice de 1000mercis, d’Alexandre de Juniac, ancien PDG d’Air France KLM, et de Pascal Cagni, ancien patron d’Apple en Europe. Tous les trois avaient été nommés en 2013 par l’ancien président Jean-René Fourtou, avant que Vincent Bolloré ne devienne président de Vivendi un an plus tard.

"Ces trois administrateurs cultivaient une certaine indépendance, et leur dpart n'est donc pas étonnant", dit un observateur. Pascal Cagni s’était notamment illustré en 2014 en votant contre la vente de SFR à Numericable, préférant une alliance avec Bouygues Telecom.

En contrepartie, une seule administratrice sera nommée, une représentante des salariés du groupe. Avec six hommes et six femmes, Vivendi pourra se vanter d’atteindre la parité à son conseil de surveillance. Ces changements seront votés lors de l’assemblée générale du 25 avril prochain.

En réduisant le nombre d’administrateurs de 14 à 12, Vincent Bolloré donne plus de poids relatif à ceux qui lui sont proches. Grâce à ce tour de passe-passe, il contrôlera un tiers du conseil de surveillance de Vivendi. Avec son fils Yannick Bolloré -PDG d’Havas-, Dominique Delport, directeur de la branche mondiale Havas Media, Tarak Ben Ammar, proche de Vincent Bolloré et administrateur de Telecom Italia -dont Vivendi détient près de 25%-, ils disposent à eux quatre de la minorité de blocage en conseil. Un seuil indispensable pour repousser toute décision stratégique majeure. Si l’on ajoute les sièges de Philippe Bénacin, coopté vice-président par Vincent Bolloré en 2014, il s’approche même de la majorité. Un pouvoir très largement supérieur à sa participation de 20%.

Même méthode chez Telecom Italia

Cette méthode bien huilée a déjà été expérimentée par Vincent Bolloré chez Telecom Italia. Fin 2015, il avait réussi à imposer quatre représentants de Vivendi qui détient près de 25% du capital de l’opérateur italien. Sans compter son ami Tarak Ben Ammar, encore. Avec le directeur général Flavio Cattaneo et le président Giuseppe Recchi qu’il a largement contribué à nommer, Vincent Bolloré a la main sur 7 des 16 administrateurs de Telecom Italia. La plupart des autres avaient été nommés par Mediobanca, quand elle était encore actionnaire de l’opérateur, en 2014. Et Bolloré détient 8% de la banque d’affaires italienne depuis quinze ans… Comme les administrateurs d’Havas chez Vivendi, c’est une manière indirecte d’exercer son influence.

Contacté, Vivendi n'a pas souhaité faire de commentaires.

Jamal Henni et Matthieu Pechberty