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Viré des Guignols en 2011, Nicolas Canteloup obtient 287.000 euros

Licencié des Guignols de l'info après y avoir passé 16 années, Nicolas Canteloup avait saisi la justice pour obtenir réparation. Selon nos informations, il vient d'obtenir gain de cause devant la Cour d'appel de Versailles.

Viré après 16 ans d'antenne, Nicolas Canteloup n'a jamais digéré son éviction des Guignols de l'info. De 1995 à 2011, l'imitateur est un des piliers du programme de Canal+, qui le rémunère plus de 20.000 euros brut chaque mois. Mais en cette rentrée 2011, les relations se tendent brutalement entre Nicolas Canteloup et son employeur. Il faut dire que l'imitateur, devenu célèbre, vient de se faire recruter par TF1 pour une pastille quotidienne "Après le 20h, c'est Canteloup", animée avec Nikos Aliagas.

Nicolas Canteloup devait, au départ, poursuivre sa collaboration avec les Guignols, mais rapidement la situation dégénère avec Canal+ et sa filiale Nulle Part Ailleurs Production, qui produit l'émission. La chaîne lui reproche de ne plus se rendre disponible pour les enregistrements quotidiens: "Votre comportement imprévisible" conduit "à la désorganisation de nos services", peut-on lire dans le mail mettant fin à la collaboration envoyé par Canal.

Selon la chaîne, Nicolas Canteloup a, à plusieurs reprises, refusé de se rendre au studio de la Plaine Saint-Denis et a réclamé que ses voix soient enregistrées à distance. "Vous vous êtes mis volontairement dans une situation de rupture de collaboration" pour "assurer vos engagements auprès de TF1".

Rivalités entre Canal+ et TF1

Canal+ décide donc de stopper sa collaboration avec l'imitateur le 20 septembre 2011. Dans la foulée, Nicolas Canteloup saisit les prud'hommes, et l'affaire sera ensuite renvoyée devant la Cour d'appel de Versailles, puis ira devant la Cour de cassation, avant de revenir à la Cour d'appel, qui vient de se prononcer.

Durant les 16 années de ses contributions à l'antenne, Nicolas Canteloup avait signé une succession de CDD. Il a donc demandé une requalification de ses contrats en CDI, et réclamé réparation pour un "licenciement sans cause réelle et sérieuse". Selon l'imitateur, les enregistrements à distance étaient une pratique courante aux Guignols de l'info. Canal+ lui aurait imposé une présence physique tous les soirs dans les studios dans le seul but de l'empêcher de travailler avec TF1. Nicolas Canteloup se présente également comme une victime "d'un contexte de rivalité opposant les deux chaînes de télévision les plus puissantes de France".

Les juges ont donné raison à l'imitateur: ils ont ordonné une requalification en CDI et rejeté les accusations de "faute grave" avancées par Canal+. Ainsi, Nulle Part Ailleurs Production est condamné à lui payer 22.000 euros d'indemnité de requalification, 150.000 euros pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, à quoi s'ajoutent 48.250 euros d'indemnité compensatrice de préavis, 4.825 euros au titre des congés payés et 62.725 euros d'indemnité légale de licenciement. L'addition atteint au total 287.000 euros à la charge de Canal+. Une décision qui intervient plus de 5 ans après le licenciement de Nicolas Canteloup.

Interrogé, Canal+ n'a pas fait suite à nos sollicitations.

Simon Tenenbaum