Vivendi: jackpot pour les exécutants de Vincent Bolloré
Dans ses sociétés, "Vincent Bolloré fait tout, et ses collaborateurs s'occupent du reste", ironise un proche de l'industriel breton. En effet, le président du conseil de surveillance de Vivendi et de Canal Plus -un poste en théorie non opérationnel- s'investit totalement dans ses activités, allant jusqu'à s'occuper des moindres détails. Dans la chaîne cryptée, il aurait par exemple choisi l'animatrice du Grand journal, relu -voire ré-écrit- les sketches des Guignols, tenté de recruter des comiques comme Gad Elmaleh ou Florence Foresti, négocié les droits sportifs, ou encore fait modifier la bande annonce de la série Versailles (ce dernier épisode est toutefois officiellement démenti).
Copieux salaires pour les figurants
Pratiquer un tel micro-management laisse évidemment peu de marge aux autres dirigeants, réduits au rang de simples exécutants. Dans le reste de l'empire Bolloré, ces figurants sont en général mal payés. Mais pas chez Vivendi, où l'état major empoche de copieux salaires pour tenir son rôle de yes men.
Ainsi, le président du directoire Arnaud de Puyfontaine va toucher au titre de 2015 un salaire de 2 millions d'euros bruts, plus des actions de performance valorisées 1,2 million d'euros. Mais ce n'est manifestement pas encore assez: il vient de décrocher une augmentation de salaire de +5,5%. Parmi les cinq membres du directoire, le plus mal payé est le directeur de la communication Simon Gillham, avec un salaire annuel tournant autour du million d'euros bruts seulement...
À noter que ces cinq dirigeants bénéficient aussi d'un parachute doré de 18 mois de salaire (bonus variable inclus), d'une voiture de fonction et d'une retraite chapeau. Pour financer cette dernière, Vivendi a passé en 2015 une provision de 4 millions d'euros (montant cumulé pour les 5 membres du directoire).
De son côté, un autre Bolloré Boy, le directeur général d'Havas Media Group Dominique Delport, s'est vu confier en plus une mission chez Vivendi (président de Vivendi Content). Pour cette mission, Vivendi le rémunère entre 300.000 et 500.000 euros par an.
"On les considère un peu comme des gens qui auraient gagné au loto: on est jaloux d'eux, mais on n'arrive pas à leur en vouloir non plus...", commente un de leurs collègues.
De tels niveaux de salaires contrastent avec le discours d'austérité martelé par Vincent Bolloré, qui pointe les difficultés financières de la principale filiale du groupe, Canal Plus, et rogne sur ses moindres dépenses, en allant par exemple jusqu'à supprimer la traditionnelle soirée organisée lors du festival de Cannes.
Vincent Bolloré bénévole?
À côté, Vincent Bolloré ressemble presque à un bénévole, avec un salaire de seulement 400.000 euros bruts, sans bonus, sans parachute doré, sans retraite chapeau.
Mais on ne plaindra pas trop l'industriel breton. Car, avec son autre casquette de PDG du groupe Bolloré, il touche un salaire fixe de 1,5 million d'euros bruts, plus une part variable (1,25 million d'euros bruts en 2014), et des actions gratuites (500.000 en 2012).
Les salaires des dirigeants de Vivendi (en euros bruts par an)
Arnaud de Puyfontaine, président du directoire Salaire fixe: 950.000 euros Bonus variable: jusqu'à 1.425.000 euros Actions de performance: 1.188.600 euros
Hervé Philippe, directeur financier
Salaire fixe: 700.000 euros
Bonus variable: jusqu'à 1.050.000 euros
Actions de performance: 849.000 euros
Stéphane Roussel, directeur général chargé des opérations
Salaire fixe: 708.333 euros
Bonus variable: jusqu'à 1.062.500 euros
Actions de performance: 849.000 euros
Frédéric Crépin, secrétaire général
Salaire fixe: 550.000 euros
Bonus variable: jusqu'à 750.000 euros
Simon Gillham, directeur de la communication
Salaire fixe: 450.000 euros
Bonus variable: jusqu'à 675.000 euros
Source: Vivendi