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Vivendi veut se couper en deux

Aucune annonce n'a été faire sur la présidence du conseil de surveillance, actuellement détenue par Jean-René Fourtou

Aucune annonce n'a été faire sur la présidence du conseil de surveillance, actuellement détenue par Jean-René Fourtou - -

SFR va être séparé des actifs médias (Canal Plus et Universal Music). Ce projet a été approuvé par Vincent Bolloré. Aucune annonce n'a été faite sur la gouvernance.

Le conseil de surveillance de Vivendi, réuni mercredi 11 septembre, n'a pas vraiment résolu la question du leadership, à en croire le communiqué publié par Vivendi.

Ce communiqué indique juste: "Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance, a proposé la nomination comme vice-président du conseil de surveillance à Vincent Bolloré, qui lui a rendu hommage et l’a assuré de son soutien total".

Une phrase pleine de langue de bois, qui détonne avec le ton agressif de Vincent Bolloré mardi soir, et surtout laisse sur sa faim: la presse s'attendait à ce que soit acté ce mercredi un départ de Jean-René Fourtou au printemps 2014.

Seule a été tranchée la question de la présidence du directoire, où il a été décidé... de ne rien faire, faute d'accord. La recherche d'un nouveau titulaire, lancée avant l'été par Jean-René Fourtou, est donc enterrée. "Il n'y a pas de projet en ce sens. L'équipe reste la même", a déclaré Vincent Bolloré aux Echos.

Séparer les médias des télécoms

Faute de grives, on se contentera donc de merles. Le communiqué indique: "le conseil de surveillance a décidé à l’unanimité de mettre à l’étude une scission du groupe en deux sociétés distinctes", une avec les actifs médias (Canal Plus et Universal Music), l'autre avec les actifs télécoms (SFR). "La décision définitive de cette scission pourrait être prise début 2014 et soumise à l’assemblée générale" du printemps 2014, ajoute le communiqué.

Le groupe promet qu'une telle scission fera remonter le cours de bourse en faisant disparaître la décôte de holding: "ce projet devrait créer une valeur importante pour les actionnaires en leur donnant l’opportunité d’être investis dans deux véhicules bien différenciés, évalués selon les normes propres à leur métier".

Toutefois, on peut douter que la décôte de holding disparaisse totalement, étant donné que Canal Plus et Universal Music sont des actifs assez hétérogènes.

Pire: le communiqué indique bizzarement que l'opérateur téléphonique brésilien GVT reste parmi les actifs médias, alors que la plupart des analystes pensaient qu'il serait logiquement rattaché à SFR... Et GVT restera avec les actifs médias pour de bon. En effet, Vincent Bolloré indique dans son interview aux Echos: "le conseil de surveillance a décidé que GVT va rester dans le groupe".

Multiples revirements stratégiques

Une telle scission n'est pas une idée neuve. Elle avait été évoquée pour la première fois par Jean-René Fourtou lors de la lettre aux actionnaires de mars 2012. Mais fin août 2012, le directeur financier Philippe Capron avait clairement écarté cette piste: "séparer les télécoms des médias ne marche pas dans le cas de Vivendi". Ensuite, le groupe avait changé d'avis une fois de plus lors de l'assemblée général d'avril 2013, où avait été annoncé un projet d'introduction en bourse de SFR.

Ces mutiples revirements ont deux explications. D'abord, une scission posait un problème de répartition de la dette, problème qui sera en grande partie résolu après la vente en cours d'Activision Blizzard et de Maroc Telecom.

Ensuite, un désaccord sur le calendrier était vite apparu entre Jean-René Fourtou (qui souhaitait se débarrasser rapidement des télécoms) et Vincent Bolloré (qui préférait attendre que leur valorisation remonte). Finalement, la seule nouvelle du jour est donc que l'industriel breton se rallie officiellement à l'idée d'un tel 'break up'...

Jamal Henni