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Voici le patron français le plus influent au monde

Renaud Laplanche collectionne les récompenses

Renaud Laplanche collectionne les récompenses - Don Emmert - AFP

Renaud Laplanche, le fondateur de la plateforme  LendingClub, se classe 28e du top 50 des personnes les plus influentes dans le monde économique de Bloomberg. Seul patron tricolore présent dans ce palmarès, il récolte les fruits d'une success story partie "d'une idée toute simple".

Le rêve américain 2.0, c'est lui. Renaud Laplanche, le "frenchy", avocat de formation et exilé aux Etats-Unis depuis 1999, est devenu un serial entrepreneur. A tel point que, mercredi 7 octobre, Bloomberg vient de consacrer un peu plus ce Français peu connu dans l'Hexagone mais incontournable aux Etats-Unis.

Renaud Laplanche se classe ainsi à la 28e place du top 50 des personnalités les plus influentes de l'économie, établi par l'agence. Point de Carlos Ghosn ou de Bernard Arnault dans ce classement. Renaud Laplanche est le seul patron tricolore à y figurer. Et seuls deux autres Français sont présents dans ce palmarès dominé par Janet Yellen, la présidente de la Fed: Thomas Piketty (20e) et Christine Lagarde (38e).

Bloomberg lui décerne surtout ce titre au regard du succès écrasant de sa société LendingClub. Mais ce n'est pas le seul fait d'armes de ce quadragénaire (44 ans).

Une start up rachetée par Oracle

Après un DESS-DJCE à l'université de Montpellier, un MBA à HEC et un autre à la London Business School, Renaud Laplanche travaille de 1995 à 1999 comme associé dans le cabinet d'avocats américain Cleary Gottlieb Steen & Hamilton, d'abord à Paris puis à New York. Peu de temps après son arrivée dans le pays de l'oncle Sam, il quitte ses fonctions et fonde sa première société: TripleHop Technologies. Ce qui fait la renommée de cette start up est le développement de MatchPoint, un moteur de recherche ultra-performant à destination des entreprises qui séduit notamment CNN ou TimeWarner. Et finalement Oracle, qui rachète TripleHop en juin 2005.

Après avoir vendu sa société, Renaud Laplanche devient un des hauts dirigeants d'Oracle. Mais pas pour longtemps: il restera à peine 16 mois salarié du géant américain, jusqu'en octobre 2006. Il décide alors de s'octroyer un congé sabbatique de six mois, empochant au passage pas moins de 10 millions de dollars, selon Le Point.

"Court-circuiter" les banques

Mais les vacances ne dureront en fait pas longtemps. Car c'est pendant cette période qu'il va créer LendingClub. Cette "aventure formidable", il "l'a démarré d'une simple idée", expliquait-il à BFM Business en décembre 2014.

Un jour il prend son relevé bancaire. "Je vois alors une différence de presque 17% entre les intérêts que je devais payer sur ma carte de crédit et, de l'autre côté, les intérêts versés par la banque sur mon compte épargne". Un écart ("spread" en anglais et dans le jargon financier) qu'il impute alors aux coûts du système bancaire. D'où l'idée de "court-circuiter" ce système comme il le dit lui-même.

Il crée alors en janvier 2007, LendingClub, une plateforme de prêts en ligne qui met en relation, d'un côté des investisseurs, et de l'autre, des particuliers qui cherchent un prêt. Une rentabilité importante pour les premiers (de 7,4 à 25%, selon le niveau de risque choisi), des taux fixes attractifs avec des frais réduits pour les seconds. Tout le monde semble gagnant.

Cette entreprise va alors se développer et faire un véritable carton. De seulement 15 millions de dollars de prêts générés début 2008, LendingClub en est aujourd'hui 11,16 milliards en l'espace de sept ans. Et ses perspectives sont impressionnantes. Au deuxième trimestre 2015, la plateforme a généré 1,9 milliard de dollars de prêts. Soit 90% de plus que sur la même période de 2014, et plus que lors de l'ensemble de l'année 2013. 

Champion de voile

Et LendingClub connaît une renommée grandissante. Fin 2012, Larry Summers, l'ancien secrétaire d'Etat au Trésor de Bill Clinton, rejoint son conseil d'administration, déjà composé de stars de la Finance comme l'ancien directeur général de Morgan Stanley, John Mack. En mai 2013, Google décide d'entrer dans le capital du groupe à hauteur de 125 millions de dollars. En 2014, LendingClub est, selon Forbes, la cinquième compagnie américaine "la plus prometteuse". La consécration vient le 11 décembre 2014, lorsque LendingClub s'introduit en Bourse à Wall Street, signant l'une des plus importantes introductions pour une société high tech. Elle pèse aujourd'hui 5,4 milliards de dollars sur le marché. De l'aveu de Renaud Laplanche, cette introduction était en partie "un exercice de notoriété".

Le fondateur du groupe lui collectionne les distinctions. Fin 2012, BFM Business le met à l'honneur en lui décernant le prix de l'entrepreneur lors des BFM awards de New York. Le cabinet Ernst and Young lui remet un titre similaire en 2013. En 2014, Business Insider le consacre le "meilleur PDG de start up avec lequel travailler". La même année, The Economist lui offre le prix de l'innovation dans la catégorie "consommateurs".

Avec un tel succès, le petit Français taille des croupières aux grands noms de la Finance américaine. Au point de les faire disparaître? "On peut transformer l'industrie bancaire en une place de marché géante de type Amazon ou eBay", répondait-il en tout cas fin 2014. Ce qui serait alors un succès de plus dans le parcours de ce patron qui aurait très bien pu participer aux Jeux Olympiques. Il a, en effet, été deux fois champion de France de voile, en 1988 et 1990. 20 ans plus tard, il est toujours porté par de bons vents.