BFM Business
Transports

Voitures autonomes: l’offensive française pour affronter Google

Les premières fonctions autonomes apparaîtront dès cette année sur des modèles Renault.

Les premières fonctions autonomes apparaîtront dès cette année sur des modèles Renault. - Renault

Les constructeurs européens n’ont pas l’intention de laisser les acteurs des nouvelles technologies s’accaparer le marché de la voiture du futur. Et si Américains et Allemands avancent à toute allure, Renault-Nissan et PSA Peugeot Citroën sont prêts à prendre la route.

La communication des géants des nouvelles technologies a fait son effet. Difficile aujourd’hui de ne pas associer la voiture autonome à la Google Car. Désormais, les constructeurs traditionnels doivent presque prouver qu’ils existeront encore dans la prochaine décennie.

Un comble puisque tous les acteurs historiques dévoilent des projets qui n’ont sur le papier rien à envier aux innovations des géants du Net. Alors que les Google Car parcourent les routes américaines depuis déjà trois ans, les Français sont plus avancés que beaucoup ne l’imaginent.

"La voiture autonome représente un enjeu technologique majeur sur lequel des industriels du monde entier travaillent. La France est à la pointe des recherches dans ce domaine, que ce soit à travers ses deux grands constructeurs, PSA Peugeot Citroën et Renault, ou ses équipementiers", confirme le CCFA dans un rapport publié le 4 janvier.

Et une étude du Boston Consulting Group avec le Forum économique mondial publiée récemment indique que dans leur majorité, les Français attendent bien plus des constructeurs traditionnels que des géants du Net.

Renault-Nissan: des fonctions autonomes dès cette année

Ni Renault-Nissan ni le groupe PSA - qui ne participent pas au salon de Detroit puisque absents du marché américain - n’ont d’ailleurs l’intention d’attendre 2020 pour lancer des voitures capables de se passer des humains.

Alors même que le CES battait son plein, Renault-Nissan a annoncé le lancement d’une dizaine de véhicules dotés de fonctions autonomes d’ici 2020 en trois grandes vagues dont la première arrivera cette année.

En 2016, les premiers véhicules capables de se maintenir sur une file d’autoroute seront commercialisés. En 2018, ils pourront prendre en charge le changement de files. Et en 2020, les modèles équipés d’un "mode de gestion autonome des intersections" seront présentés au public.

Chez PSA, les choses ne traînent pas non plus. Le groupe a annoncé cette année un partenariat avec IBM pour développer des voitures connectées. En attendant que cet accord porte ses fruits, Peugeot a annoncé que la berline qui succéderait à la 508 en 2018 serait dotée d’un pilote automatique qui pourrait prendre le relais du conducteur dans les embouteillages. Quant à Citroën, la C4 Picasso autonome a déjà prouvé ses capacités en roulant quelques milliers de kilomètres sur les routes françaises et européennes sans causer d’accidents.

Du côté des Allemands, les choses avancent également au pas de course. Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen ont même déjà obtenu les autorisations nécessaires pour tester leur modèle sur les routes californiennes. Mais ils profiteront du salon de Detroit pour dévoiler leur potentiel technologique.

Après les excuses, Volkswagen va tenter de séduire le public américain avec BUDD-e (se prononce "buddy", qui en anglais se traduit par copain), un concept car autonome et électrique dont le design est un clin d’œil au combi VW qui est culte aux États-Unis. Le constructeur veut même l’intégrer dans son catalogue dès 2019.

Tesla accélère son calendrier autonome

Ces offensives ne sont évidemment pas sans inquiéter les nouveaux constructeurs (Tesla, Faraday Future) et les groupes de high-tech (Google, Apple, Uber…) qui voient l’automobile comme une extension de leurs appareils ou de leurs applications mobiles.

À l'occasion du salon de Detroit, Tesla - qui n’y participe pas malgré sa force aux États-Unis - lance un buzz pour montrer sa force. Un peu à la manière d’Apple qui se refuse à participer au CES de Las Vegas.

Le groupe d’Elon Musk a d’abord annoncé il y a quelques semaines que ses voitures autonomes seraient prêtes, non pas en 2020 comme prévu, mais en 2018. Et pour prouver son avance, la mise à jour de son logiciel de conduite assistée "Autopilot", qui équipe les Model S et X, permettra aux conducteurs de manœuvrer leur voiture à distance avec un smartphone pour l’envoyer se garer ou pour récupérer son pilote où qu’il se trouve sans avoir besoin qu’un humain soit aux commandes.

L’idée est innovante, mais pourrait être confrontée à une loi californienne qui donne des migraines aux constructeurs de voitures autonomes. Selon ce texte, les voitures ne prendront pas la route toute seule, mais surtout, il faudra qu’un détenteur du permis soit présent pour prendre les commandes au cas où…

Pour Google, dont le véhicule est totalement autonome, la déception est grande. Les autorités ont-elles glissé une mesure pour protéger les marchés des acteurs historiques comme Ford ou General Motors en bridant un peu l’innovation?

Il y a un an, presque jour pour jour, Elon Musk affirmait que sans législation claire, l’arrivée des voitures autonomes pourrait être retardée à 2022 ou 2023. Apparemment, cette alerte a été plus entendue qu’il ne le pensait.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco