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Votre courtier vous coûte cher? Remplacez-le par un robot!

En réponse, les conseillers financiers affirment qu'ils offrent beaucoup d'avantages face à aux robots, comme la richesse de leurs conversations.

En réponse, les conseillers financiers affirment qu'ils offrent beaucoup d'avantages face à aux robots, comme la richesse de leurs conversations. - Toru Yamanaka (AFP)

Pour gérer des algorithmes, la machine est-elle meilleure que l’humain ? Aux Etats-Unis, de plus en plus d’investisseurs estiment que les robots valent bien l'expérience de professionnels en chair et en os.

Votre courtier vous coûte trop cher? Remplacez-le par un robot comme le font de plus en plus d'investisseurs aux Etats-Unis, convaincus que les algorithmes peuvent remplacer l'expérience des professionnels en chair et en os.

Les sociétés de courtage qui utilisent les services de "robots-investisseurs" ont maintenant plus de 4 milliards de dollars d'actifs sous gestion, selon des statistiques de la firme Forrester Research. Même si cela ne représente qu'une goutte d'eau dans l'océan des milliers de milliards de dollars de l'industrie financière, la croissance est rapide.

"C'est le plus grand facteur de bouleversement que nous avons vu depuis plusieurs années, au moins depuis les sociétés de courtage sur internet", souligne Bill Doyle, analyste chez Forrester.

Selon lui, ces techniques d'investissement robotisé séduisent les jeunes adultes qui n'ont pas les moyens d'investir les sommes qui intéressent les courtiers traditionnels mais qui veulent quand même être assistés dans leurs choix.

Les "robots-investisseurs" permettent à leurs clients de définir des préférences et de laisser ensuite les algorithmes faire le reste pour gérer leur portefeuille. Les frais de gestion sont également bien inférieurs à ceux des courtiers traditionnels qui peuvent facturer plus de 1% de la valeur du portefeuille investi.

Les investisseurs pointent le manque de transparence des courtiers

Wealthfront, la plus importante de ces sociétés d'investissement automatisé, a annoncé récemment qu'elle avait désormais plus de 2 milliards de dollars d'actifs sous gestion, et ce trois ans seulement après sa création. Cette jeune pousse californienne est dirigée par Burton Malkiel, professeur Emeritus d'économie à l'université de Princeton (New Jersey, est) et auteur d'un livre qui, dès 1973, défendait la cause des "investissements passifs".

Sa stratégie repose sur la conviction que les gestionnaires de fonds "actifs" ne font pas mieux sur le long terme que les indices boursiers comme le Standard & Poor's 500, surtout quand les frais et autres commissions de gestion sont pris en compte.

"Les investisseurs en ont assez du manque de transparence des courtiers traditionnels", affirme Adam Nash, le directeur exécutif de Wealthfront. "Pendant trop longtemps, l'industrie financière a fait de l'argent sur le dos de ceux qui pouvaient le moins se le permettre", affirme-t-il sur son blog.

Parmi les autres sociétés présentes sur ce secteur, Betterment et FutureAdvisor recourent à des techniques similaires. Betterment, créée en 2010, a maintenant 73.000 clients et 1,6 milliard de dollars sous gestion. L'âge moyen de ses clients est de 36 ans "mais notre catégorie qui progresse la plus vite sont les plus de 50 ans", souligne Joe Ziemer, un de ses dirigeants.

Un portefeuille intelligent avec des commissions minimum

"Ces gens viennent pour les mêmes raisons. Ils veulent des faibles commissions et pas de frais de transaction", ajoute-t-il. Les grands noms de Wall Street voient le danger venir. Charles Schwab vient de lancer un "portefeuille intelligent" avec des commissions minimum.

Charles Schwab devrait rapidement dépasser en volume les pionniers du secteur mais ne les éliminera pas, estime Bill Doyle. Au contraire, son arrivée devrait crédibiliser ce marché, selon lui.

Les petites firmes devraient également garder un avantage grâce à la rapidité avec laquelle elles peuvent développer de nouveaux logiciels et de nouveau algorithmes, souligne-t-il.

Mais les conseillers financiers affirment qu'ils offrent beaucoup d'avantages face à un robot. "Nos conversations sont plus riches, nous parlons aux gens de leurs objectifs, de leur épargne-retraite, de leurs investissements immobiliers", affirme Juli McNeely, présidente de l'Association nationale des conseillers en placements en assurance et financiers.

"Parfois, mon boulot est d'empêcher les gens de faire des choses stupides. Quand il y a une panique sur les marchés, ils veulent sauter en plein vol et nous devons en parler pour qu'ils comprennent ce qui arrive. C'est rassurant d'avoir quelqu'un à qui parler", assure-t-elle.

Mais les "robots" ne sont pas eux-mêmes indifférents aux inquiétudes de leurs "clients", rétorquent leurs promoteurs. "Nous pouvons dire en regardant le nombre de connexions si quelqu'un commence à s'inquiéter et nous pouvons leur envoyer des messages pour les calmer", assure Joe Ziemer.

BFM Business avec AFP