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VTC: ceux qui resteront Loti et ceux qui ne le pourront pas

Les taxis veulent leur disparition, les VTC en ont besoin pour développer leur activité. Laurent Grandguillaume, médiateur du conflit taxis/VTC devra trancher.

Les taxis veulent leur disparition, les VTC en ont besoin pour développer leur activité. Laurent Grandguillaume, médiateur du conflit taxis/VTC devra trancher. - Thomas Samson - AFP

À peine la proposition de loi de Laurent Grandguillaume mise en ligne que les amendements n’arrêtent pas de tomber. Il y en a déjà près d’une centaine dont la plupart concernent les Loti.

Que faire des Loti? Pour les taxis, il faut supprimer cette concurrence qu’ils estiment illégale. Pour les VTC, il faut ouvrir les vannes à ces forces vives qui permettent d’adapter rapidement l’offre à la demande. Face à ces enjeux, Laurent Grandguillaume, député de Côte-d’Or, tente de faire du mieux qu’il peut. Sa proposition de loi qui vise à harmoniser l’activité des taxis et des VTC doit être présentée ce mardi devant la Commission du développement durable de l'Assemblée. Rédigée en un temps record, elle est déjà complétée par 92 amendements dont 64 ont été ajoutés par le médiateur lui-même. Tout est en ligne.

Le point qui sera surveillé de près par l’ensemble des acteurs reste l’avenir des Loti. Il y a quelques jours, l’Unam (union des acteurs de la mobilité), l’organisation professionnelle présidée par Karim Ferchiou, patron de Voitures Noires, alertait les autorités sur les risques de licenciements massifs et sur un manque à gagner de 70.000 emplois à créer en France. Face à ces enjeux, le sujet est hautement délicat.

Pour le médiateur, les Loti doivent retrouver leur mission d’origine: faire du transport collectif. Il impose donc aux chauffeurs exerçant dans des communes de plus de 100.000 habitants de disposer d’un véhicule de 10 places. Tous les Loti seront donc exclus des grandes villes? Pas vraiment puisqu'une exception a été pensée pour le réseau "4 roues sous un parapluie" composé de véhicules de collection (2CV et DS). "Ce type de prestation de transport était effectuée jusqu’alors dans le cadre du transport occasionnel collectif. Il doit pouvoir perdurer. […] Les acteurs économiques pourront poursuivre leur activité et la France continuer à valoriser son patrimoine industriel."

Un moratoire pour ne pas sanctionner les Loti

Quant aux Loti qui font du VTC, leur sort semble scellé, mais pas dans la minute. Pour éviter une vague de licenciements massifs, Karim Ferchiou évoquait récemment dans nos colonnes que dans son entreprise, 1.500 emplois étaient menacés. Laurent Grandguillaume propose donc une période transitoire qui ira jusqu’au 1er juillet 2018 afin de permettre aux Loti de devenir des VTC. Un amendement déposé par des députés de droite et de gauche, crée un moratoire jusqu’à cette date durant lequel les chauffeurs ne pourront pas être sanctionnés. Après cela, ceux qui justifieront de 250 heures de conduite pourront obtenir une carte de VTC.

Ces mesures vont-elles satisfaire les plateformes de VTC? Pas sûr. Il y a quelques jours, l’Unam a lancé une campagne de communication sur les conséquences de ces mesures. Selon l’organisation professionnelle, elles créent un barrage au potentiel de création d’emplois évalué à 70.000 postes en quelques années. Quant aux taxis, vont-ils accepter de cohabiter avec les Loti jusqu’à l’été 2018 pour voir à terme ces concurrents devenir des VTC parfaitement légaux? C’est encore moins sûr.

En tous cas, ces divergences ne ralentiront pas le processus. Le texte est examiné ce mardi 5 juillet lors d’une réunion avec les professionnels et sera débattu en séances publiques à l’Assemblée nationale les 19 et 20 juillet.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco