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Finances publiques

"L'objectif de déficit à 2,7% est un pari sur l'avenir"

Mathilde Lemoine, chef économiste chezRothschild et membre du Haut conseil des finances publiques, décryptait le Budget 2017 sur BFM Business ce mercredi.

Mathilde Lemoine, chef économiste chezRothschild et membre du Haut conseil des finances publiques, décryptait le Budget 2017 sur BFM Business ce mercredi. - BFM Business

Mathilde Lemoine, économiste et membre du Haut Conseil des Finances Publiques, a expliqué sur BFM Business pourquoi l'institution juge "improbable" le déficit à 2,7% promis par le gouvernement pour 2017.

Le ministre de l'Économie Michel Sapin présentait ce mercredi le dernier projet de Budget du quinquennat de François Hollande ce mercredi. Ses principales mesures et ses grandes lignes étaient déjà connues.

On savait par exemple que le gouvernement s'est basé sur une hypothèse de croissance de 1,5% pour 2017, et qu'il a prévu de ramener le déficit sous la barre des 3%, à 2,7% du PIB. Un objectif que le Haut Conseil des Finances publiques a qualifié mardi d'"improbable". La chef économiste chez Edmond de Rothschild, Mathilde Lemoine, qui siège au Haut conseil, a expliqué ce mercredi sur BFM Business pourquoi.

Le décalage entre dépenses et recettes, un "pari"

"Les hausses de dépenses annoncées sont certaines et payées en 2017, alors que les baisses de dépenses sont annoncées mais ne seront payées qu'en 2018. Il y a un pari sur l'avenir qu'il faudra assurer", souligne la chef économiste chez Edmond de Rothschild.

Pour autant, le Haut Conseil des Finances publiques estime que Bercy a bien fait ses devoirs. Notamment sur l'accélération des dépenses publiques. "C'est plutôt positif dans le sens où ça correspond à des mesures qui avaient été annoncées, donc budgétées. Après on peut débattre de savoir s'il est normal de porter la dépense publique à 1,6% quand la croissance est de 1,5%. Mais en tout état de cause, le gouvernement l'a intégré dans son budget. Donc il n'y a pas de surprise".

La dépense publique génératrice de croissance?

Mais les choix politiques qui ont présidé à l'élaboration de ce budget laisse l'économiste dubitative. "Le gouvernement considère que cette augmentation de la dépense publique est source de croissance. Il considère qu'elle va avoir un effet supérieur sur la croissance que n'aurait eu une baisse des impôts sur les sociétés par exemple. Mais est-ce qu'on peut considérer que la hausse de la dépense publique a toujours la même efficacité quand la dette touche les 100%?", se demande-t-elle.

C'est pourquoi la prévision de croissance d'1,5% est également sujet à débat au sein du Haut Conseil. Parce que ce taux "correspond au haut de la fourchette des organisations internationales", rappelle Mathilde Lemoine. Est-il "trop optimiste ou pas?", demande-t-elle. En tout cas, il résulte "directement de cette vision politique" selon laquelle l'augmentation de la dépense publique crée de la croissance.

N.G.