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Finances publiques

560 milliards maintenant... Des impôts dans 10 ans ?

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Pour faire face à la crise, l’Etat a multiplié les annonces de plans et de financements. Mais où va-t-il trouver l’argent ?

560 milliards d'euros : c'est la somme que l'Etat compte débloquer pour faire face à la crise. Si on additionne toutes les mesures annoncées ces dernières semaines, et que l'on fait les comptes :

- 22 milliards pour soutenir le financement des PME
- 360 milliards pour aider les banques
- et dernière annonce ce jeudi : 175 milliards d'euros d'investissement direct, injectés dans l'activité économique sur 3 ans.

S'ajoute à cela la création d'un fonds public d'intervention, sorte de fonds souverain à la française, pour soutenir les entreprises stratégiques, avec un financement qui reste à préciser. Et puis une exonération de taxe professionnelle, jusqu'au 1er janvier 2010, sur les nouveaux investissements. Une mesure qui, selon l'Elysée, pourrait coûter environ 1 milliard à l'Etat, en année pleine.

Nicolas Sarkozy a précisé que la plupart des mesures annoncées ce jeudi n'entrent pas dans la comptabilité de la dépense publique.

Que va réellement débourser l'Etat ?

Nicolas Bouzou, économiste au cabinet Astérès, détaille les sommes réelles payées directement par l'Etat : « Déjà, il y a des sommes qui ne seront pas décaissées par l'Etat. Par exemple, dans le plan de sauvetage du secteur bancaire, l'Etat va se porter garant mais ça ne veut pas forcément dire que les banques vont exercer la garantie de l'Etat. Le deuxième point, c'est que tout ne sera pas à la charge de l'Etat : il y a des dépenses qui vont être prises en charge par des institutions comme l'ADEME, comme Oséo, comme la Caisse des Dépôts. Il n'en reste pas moins bien entendu que l'Etat devra aller au pot, à hauteur de quelques milliards d'euros ».

Des hausses d'impôts pour compenser ?

Peut-on s'attendre à court terme à des augmentations d'impôts ? Selon Laurent Weill, professeur d'économie à l'université de Strasbourg, « il est quasiment certain que non. L'Etat n'a aucun intérêt aujourd'hui à augmenter les impôts des gens puisque s'il augmentait les impôts, il aggraverait la situation. Pour relancer la demande en France, il faut en fait que les agents économiques, les entreprises et les ménages, aient plus d'argent. Donc l'Etat est plutôt dans une stratégie actuellement de baisser les impôts. Mais de manière générale, quand l'Etat augmente la dette publique, ça signifie que tôt ou tard, peut-être dans 10, 20 ou 50 ans, des impôts seront levés pour rembourser cette dette ».

Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, confirme que les impôts n'augmenteront pas dans l'immédiat mais qu'il faudra bien payer à terme : « Si on ne fait rien, de toute façon le contribuable sera mis à contribution parce que le nombre de chômeurs qui augmente, c'est quand même le meilleur moyen de creuser des trous budgétaires de manière rapide et efficace ».

La rédaction et Céline Pitelet