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Finances publiques

8 chiffres alarmants sur les finances publiques tricolores

L'ex-grand patron de BNP Paribas, Michel Pébereau, publie ce mercredi 15 février un nouveau rapport sur les finances publiques. Un document qui montre, chiffres à l'appui, la frénésie tricolore en matière de dépenses, "un mal français profond", selon son auteur.

Le titre du rapport annonce la couleur. Dépense publique: l'état d'alerte, voilà comment est intitulée la note publiée par l'ex-patron de BNP Paribas, Michel Pébereau, désormais président d'honneur de l'Institut de l'entreprise. Déjà en 2005, dans le fameux "rapport Pébereau", il avait dressé une série d'avertissements sur la dette publique qui n'ont pas vraiment été suivis d'action, la crise de 2008 étant passée par là.

Plus de 10 ans après cette première mise en garde, Michel Pébereau récidive avec la publication de ce rapport qui a vocation à sensibiliser les candidats à la présidentielle. De nombreux chiffres et dates pour le moins saisissants y sont mis en exergue. Morceaux choisis.

1) 35 ans

1981 était la dernière année où les comptes de l'ensemble des administrations (État, collectivités locales, Sécu) ont été dans le vert. La France a ainsi connu 35 années continues de déficit depuis l'élection de François Mitterrand. "Ce mal français est profond, il est en outre généralisé et traduit une gestion insuffisamment rigoureuse par les majorités qui se sont succédé", considèrent les auteurs du rapport. Pour le seul budget de l'État, la France n'a pas connu l'équilibre depuis… 1974, et la fin des Trente Glorieuses.

2) 1.115 milliards d'euros

Ce chiffre illustre bien la fameuse déclaration de François Fillon qui disait, en 2007, être "à la tête d'un État en faillite". Depuis 2006, la différence entre l'actif et le passif de l'État, c'est-à-dire la valeur de ses biens comparée à celle de ses dettes, est négative. Et l'écart n'a cessé de se creuser. En 2015, le gouffre était de 1.115 milliards d'euros.

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3) De 35 à 57%

35%, voilà ce que représentait, au début des années 60, la part de la dépense publique dans le PIB tricolore. Aujourd'hui ce chiffre est de 57%, ce qui place la France au deuxième rang des pays les plus dépensiers de l'OCDE derrière la Finlande. À titre de comparaison, le chiffre moyen pour les pays de l'OCDE est de 48,5%. Si la France se limitait à ce dernier taux, elle dépenserait 185 milliards d'euros de moins.

4) 250 milliards d'euros

Il s'agit de la hausse de la dépense publique entre 2007 et 2015 (de 991 milliards d'euros à 1.243 milliards). Il faut dire que les efforts d'économies du gouvernement ont été pour le moins modestes. Entre 2012 et 2015, la France a ainsi réalisé 29 milliards d'euros d'économies… qui n'ont pas empêché la dépense publique de s'alourdir de 92 milliards d'euros en trois ans!

Le rapport souligne d'ailleurs que sur une période assez récente (2010-2014), la France est "le seul grand pays européen à avoir augmenté ses dépenses publiques (hors inflation), alors qu'elles ont baissé de 2 à 12% ailleurs".

5) +3,2% de PIB

Certes, la France dépense plus que ses voisins, mais on pourrait avancer qu'elle investit plus. Cet argument est en fait fragile. Si les dépenses d'investissement de l'Hexagone sont effectivement plus élevées que celles de la moyenne de la zone euro (1 point de PIB de plus), cet écart est bien plus faible que pour les dépenses sociales (+3,2% de PIB de plus que la moyenne européenne) et celles de fonctionnement (+3,3%). "Ce caractère économiquement inefficace du surcroît français de dépense publique, composé essentiellement de dépenses de fonctionnement et prestations sociales, c’est-à-dire de dépenses de tous les jours, est souvent omis dans le débat public", épingle d'ailleurs le rapport.

6) 45% du PIB

Il s'agit en fait d'un rappel. Avec un taux de prélèvement obligatoire de 45% (contre 41,7% en 1989), la France est, depuis 2016, le pays qui ponctionne le plus ses contribuables et ses entreprises. De fait, pour réduire le déficit, l'Hexagone a depuis 2010, contrairement à ses voisins européens, principalement "mobilisé le levier de la fiscalité". Pour arriver donc à ce taux jugé "excessif" par le document, qui met en garde:

"En dépassant de beaucoup celui des pays concurrents, il affaiblit la compétitivité de nos entreprises et du travail des Français, ainsi que l’attractivité de notre territoire pour les activités productives. En outre, le consentement à l’impôt de nos concitoyens semble avoir atteint ses limites".

7) De 12% d'endettement à 97% en 40 ans

La trajectoire de la dette française est vertigineuse. 12% du PIB en 1974, 20% en 1981, 50% en 1994… et 97% en 2016. Dernièrement, l'OCDE a considéré qu'elle pourrait franchir les 100% en 2018. Le gouvernement, lui, voit la dette refluer à partir de cette année.

8) 15,8 milliards d'euros

Actuellement, la France a la chance de bénéficier de conditions d'emprunt particulièrement avantageuses sur le marché. Le taux de sa dette à 10 ans dépasse à peine 1% (1,04%). L'Hexagone a clairement bénéficié de cet environnement favorable depuis 3-4 années. Mais désormais elle "est fortement exposée à une remontée des taux", souligne le rapport. Selon ce document, une hausse durable des taux d'intérêts de 1% alourdirait la dette de 15,8 milliards d'ici à 2026, et de 2,1 milliards dès 2017.