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À Bercy, on est très surpris de ce tandem de droite à l'Économie

Les deux ministres issus de la droite ont durement critiqué le programme d'Emmanuel Macron durant la campagne. À Bercy, on s'interroge sur les mesures qu'ils comptent mettre en place.

Mieux vaut garder ses ennemis tout près de soi. En nommant deux ministres de droite à Bercy, ministère clé du nouveau Président et ancien locataire des lieux, Emmanuel Macron a-t-il voulu faire sien le vieil adage? Car si les deux hommes avaient quitté la campagne du rival François Fillon après sa mise en examen, ils ne s'étaient pas privés auparavant de critiquer le programme du candidat d'En Marche.

"Candidat sans projet et sans conviction" pour le nouveau ministre de l'Économie Bruno Le Maire. "Incapable de redresser économiquement le pays" pour celui de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. Et si la possibilité de voir un ministre de droite à Bercy était évoquée, le fait de confier les clés de l'Économie à deux adversaires d'hier a pris de court le ministère.

"À Bercy, tout le monde est surpris. On aurait élu Fillon président de la République, cela aurait été la même chose", confie une fonctionnaire à l'AFP. "Beaucoup sont tombés des nues", confirme un ex-responsable de cabinet, qui ironise: "Ils sont en train d'ouvrir le livre de Bruno Le Maire pour voir ce qu'il pense".

CSG, ISF, pommes de discorde potentielles?

Et ce qu'ils découvriront dans ce copieux livre de 1012 pages n'est pas toujours en phase avec le programme d'Emmanuel Macron. Ainsi, le nouveau Président compte augmenter la CSG pour financer la baisse des cotisations salariales. De son côté, Bruno Le Maire avait fait de la baisse de cet impôt une des mesures phares de son programme à la primaire de la droite. Il comptait instaurer un taux unique à 6% contre 7,5% sur les revenus d'activité et 8,2% sur les revenus du patrimoine aujourd'hui. Deux visions très différentes, donc.

Sur d'autres points, si la direction pouvait être la même, c'est l'ampleur des mesures envisagées qui diffèrent. Ainsi, si les deux veulent réduire le train de vie de l'État, Le Maire comptait réduire de 500.000 le nombre de fonctionnaires à la fin du quinquennat quand Macron parle de 120.000. Idem pour l'ISF que Le Maire voulait purement et simplement supprimer quand Macron ne comptait en exonérer que le patrimoine qui finance l'économie réelle (assurance-vie, patrimoine en actions...). 

Des divergences qui font planer le doute sur leur bonne volonté pour mettre en musique le programme économique d'Emmanuel Macron. Pourtant, les deux nouveaux locataires de Bercy assurent que c'est bien le projet présidentiel qu'ils mettront en musique. "C'est le programme d'Emmanuel Macron qui a été choisi par les Français, pas celui de Bruno Le Maire", assure au Figaro l'entourage du nouveau ministre de l'Économie. Car si les deux programmes divergent sur certains aspects (plus patrimonial pour Le Maire, plus protecteur pour Macron), la philosophie libérale reste dans le fond assez similaire. 

Frédéric Bianchi avec AFP