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Affaire Bettencourt: le financement de la campagne 2007 de Sarkozy dans le viseur de la justice

Eric Woerth, ex-ministre et trésorier de l'UMP, a de nouveau été auditionné par le juge Gentil dans le cadre de l'affaire Bettencourt.

Eric Woerth, ex-ministre et trésorier de l'UMP, a de nouveau été auditionné par le juge Gentil dans le cadre de l'affaire Bettencourt. - -

Quatre proches de Nicolas Sarkozy sont convoqués par la justice dans le cadre de l'affaire Bettencourt ce mardi 2 octobre ainsi que mercredi. Eric Woerth, lui, a été auditionné le 5 septembre, et s'est défendu de tout financement illégal de la campagne de 2007.

Un temps oubliée, l’affaire Bettencourt refait surface. Avec, plus que jamais, le financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy en ligne de mire. Le Monde daté du mardi 2 octobre révèle qu’Eric Woerth -doublement mis en examen dans cette affaire pour trafic d’influence passif et recel- a de nouveau été auditionné le 5 septembre par le juge Gentil. Mais l’élément nouveau réside dans le fait que le magistrat considère désormais le témoignage de Claire Thibout, l’ex-comptable de Liliane Bettencourt, comme crédible. Cette dernière affirme en effet avoir remis 50 000 euros en liquide à Patrice de Maistre, l’ancien gestionnaire de fortune de la milliardaire. Celui-ci lui aurait ensuite confié que cette somme, à laquelle il faut ajouter 100 000 euros qu’il aurait lui-même retiré sur un compte en Suisse, était destiné au financement de la campagne de Nicolas Sarkozy. Eric Woerth, alors trésorier de l’UMP, aurait joué le rôle d’intermédiaire.

Deux retraits de 400 000 euros

Le juge Gentil s’intéresse plus particulièrement à deux retraits en Suisse, chacun de 400 000 euros. L’argent avait ensuite été rapatrié en France via un système de "compensation bancaire". Le premier est intervenu en février 2007, deux jours avant une rencontre entre Patrick De Maistre et… Eric Woerth. Un banal "concours de circonstances", selon l’ex-ministre. Le second retrait a eu lieu entre les deux tours de la présidentielle. A cette date précise, Liliane Bettencourt aurait déclaré, selon son ex-compagnon François-Marie Bannier : "Patrice de Maistre m'a dit que Sarkozy avait encore demandé de l'argent. J'ai dit oui."

Philippe Courroye convoqué par le juge

"Tous ces faits, et notamment cette concordance de dates, corroborent le témoignage initial de Claire Thibout puisque désormais, la matérialité des remises d'argent est établie, l'origine de cet argent sur des comptes suisses est également établie, le caractère opaque des remises d'argent l'est tout autant, l'implication de Patrice de Maistre dans la demande de cet argent l'est également, de même que son implication à la réception des fonds", a indiqué le juge à Eric Woerth, toujours selon Le Monde. Ce dernier continue de nier avoir reçu de l’argent de la part de Patrice de Maistre.

En attendant, plusieurs proches de l’ancien président de la République ont été convoqués par la justice, selon les informations de Mediapart. Il s’agirait de son avocat Thierry Herzog, de son ancien conseiller Patrick Ouart, et de l’ex-secrétaire général de l’Elysée Xavier Musca. Philippe Courroye, le procureur en charge de l’affaire avant de se la voir retirer fin 2010, était également convoqué ce mardi matin. Réputé proche de Nicolas Sarkozy, le magistrat l’aurait rencontré à trois reprises en 2009, 2010 et 2011, soit après que l’affaire soit rendue publique.

Yann Duvert