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Alstom: quand les élus locaux tentaient d’alerter le gouvernement

Depuis juin 2015, plusieurs courriers ont été envoyés à l’exécutif par des parlementaires, afin de le prévenir des probables difficultés à venir pour le groupe français.

Si l’exécutif assure ne pas avoir été informé du projet de fermeture du site de Belfort, il était bel et bien au courant des difficultés rencontrées par Alstom en termes de commandes.

Mercredi 14 septembre, Stéphane Le Foll ne s’en est d’ailleurs pas caché: "Chacun avait parfaitement conscience des difficultés que pouvait rencontrer Alstom sur la production de locomotives en France", a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres.

En réalité, l’ensemble des ministres concernés, ainsi que le chef de l’État, avaient été alertés par des élus locaux. Ces derniers se sont d’ailleurs émus de la situation dans plusieurs courriers, dont BFMTV a pu obtenir copie.

Le premier d’entre eux date du 17 juin 2015. Adressée à Emmanuel Macron et Alain Vidalies, le secrétaire d’État aux Transports, cette lettre cosignée par 11 parlementaires souhaite attirer l’attention sur le rapport Duron, qui préconise le recours aux appels d’offres pour le renouvellement du matériel ferroviaire des Trains d’équilibre du territoire (qui comprennent notamment les trains intercités). Une option préjudiciable à Alstom dans le cas où le groupe français ne serait pas choisi, alors que la simple prolongation de contrats-cadres aurait pu maintenir la production à son niveau actuel.

François Hollande s'était dit "à l'écoute"

Une autre mise en garde avait ensuite été adressée à Alain Vidalies en février dernier, lorsque le choix de recourir aux appels d’offres avait été acté. Puis un autre courrier avait été envoyé à François Hollande, le 7 mars. "Monsieur le Président, si la décision présentée par le Gouvernement met en péril des milliers d’emplois, une autre solution, celle de recourir aux contrats cadres, permettrait de les sauver", écrivent ainsi les parlementaires. "D’aucuns brandiront le spectre du risque de recours juridique d’une telle décision: en toute responsabilité, nous préférons le risque juridique à la certitude de plonger des centaines de familles dans la précarité", poursuivent-ils.

La réponse de l’Elysée, elle, est intervenue plus de deux mois plus tard. "Le chef de l’État (…) est à l’écoute de l’ensemble des préoccupations que vous lui avez soumises", indique ainsi le directeur de cabinet de François Hollande, précisant : "Vous serez tenue directement informée, par nos soins, de la suite qui sera réservée à votre démarche".

Y.D.