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Attentat à Nice: la vidéosurveillance peut-elle prévenir le terrorisme?

Depuis 2010, Nice est devenue la ville la plus télésurveillée de France. Elle dispose de 1.250 caméras, soit une pour 280 habitants.

Depuis 2010, Nice est devenue la ville la plus télésurveillée de France. Elle dispose de 1.250 caméras, soit une pour 280 habitants. - Sébastien Nogier - AFP

Les caméras de vidéosurveillance ont permis de retracer l’itinéraire du terroriste. Ces dispositifs peuvent-ils prévenir le terrorisme? Pour Les Républicains, il faut qu’ils soient couplés à de la reconnaissance faciale, ce que la loi ne permet pas.

Pour ou contre la vidéosurveillance ? Le débat n’en est plus là. À Nice, ce sont les caméras de la municipalité qui ont permis de suivre précisément le parcours du terroriste depuis le moment où il est sorti de chez lui pour aller à son camion jusqu’à la Promenade des Anglais. Pour Christian Estrosi, maire de Nice, c’est la preuve que, pour les enquêteurs, ces dispositifs sont plus que nécessaires.

Depuis 2010, Nice est devenue la ville la plus télésurveillée de France. Elle dispose de 1.250 caméras, soit une pour 280 habitants. Ce déploiement est-il une exception dans le pays ? Plus maintenant. Au départ le débat portait sur les risques d’atteintes à la vie privée, mais ces installations se révèlent désormais comme une aide précieuse aux enquêteurs.

À Paris, ces dispositifs ont longtemps été sujets à controverse. La Ville a néanmoins lancé en 2012 le plan de vidéo protection (PVPP) et ne cesse depuis de renforcer le dispositif. La Capitale compte désormais plus de 1.300 caméras installées dans les rues. Mais tous les arrondissements ne sont pas à la même enseigne. Dans le centre de Paris (du I au X arrondissement), il y a une caméra pour 1.000 à 1.500 habitants, d’autres quartiers en compte beaucoup moins. Le XXe reste le moins bien loti avec une caméra pour 3.300 habitants, soit dix fois moins qu’au centre de la Capitale. Rien à voir avec Londres qui dispose d’une caméra pour 14 habitants.

Une loi pour la reconnaissance faciale

Toutefois, si ces appareils permettent comme à Nice d’accélérer le travail des enquêteurs, peuvent-ils aider à prévenir les attentats ? Oui, mais avec une technologie de reconnaissance faciale qui permettrait de détecter les personnes à risques. Actuellement, la loi ne le permet pas, mais le sujet est actuellement au cœur des débats à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Le 6 juillet, Marine Brenier, députée LR, a publié une proposition de loi qui vise à autoriser les forces de l’ordre à utiliser des logiciels de reconnaissance faciale sur les images obtenues par les caméras de vidéosurveillance. De son côté, Roger Karoutchi, sénateur LR, a déposé un texte similaire au Sénat à la fin du mois de juin. Pour ces élus, ces systèmes pourraient permettre de sélectionner les personnes à surveiller et éviter ainsi la surveillance de masse.

Ces textes seront-ils adoptés? Pour Jean-Jacques Urvoas, Garde des Sceaux, ces technologies soulèvent des criantes sur "les risques d’atteintes aux libertés publiques". Et ne n’est pas une position idéologique. Il se base sur l’avis de la CNIL qui s’interroge sur les risques sur les libertés individuelles. Ces positions vont-elles s’inverser avec l’attentat de Nice?

Pascal Samama