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Attentats de Paris: des salariés en deuil

Les salariés du quartier d'affaires de la Défense, à l'ouest de Paris, ont été invités à respecter sur le parvis à l'extérieur, la minute de silence nationale, à 12 heures.

Les salariés du quartier d'affaires de la Défense, à l'ouest de Paris, ont été invités à respecter sur le parvis à l'extérieur, la minute de silence nationale, à 12 heures. - Eric Piermont-AFP

Dans de nombreuses entreprises françaises, l'heure est au recueillement. Mais pour ceux dont des collègues ont été les victimes indirectes ou directes des attentats, la douleur est vive et les aides psychologiques indispensables.

Entre inquiétude, trouble et tristesse: tels étaient les sentiments partagés par nombre de salariés franciliens, à la reprise de leur travail, ce lundi 16 novembre.

Bien sûr, les attentats de vendredi soir et leurs conséquences sont au coeur des conversations de tout le monde. Et, nombreux sont ceux qui affichent leur peu d'entrain, après avoir été sonnés par les événements dramatiques du week-end et la diffusion des images.

Beaucoup s'estiment néanmoins obligés de reprendre le rythme de leurs occupations professionnelles, même ceux qui travaillent dans des entreprises dont les salariés figurent parmi les victimes des attentats.

"Il y a beaucoup de tristesse, l'ambiance est assez lourde" d'autant que "deux salariés de la Fnac sont décédés au Bataclan" mais "il faut continuer", raconte un employé du magasin situé dans la quartier de Montparnasse.

"Un collègue est parti acheter de quoi confectionner des rubans noirs (...) Comment travailler aujourd'hui avec cette peine?", s'interrogeait une autre salariée de l'enseigne, sous le choc.

Publicis fait partie des entreprises françaises qui paient un très lourd tribut. Le groupe a perdu deux de ses salariés présents dans la salle de concert du Bataclan. Fabrice Dubois, 46 ans, concepteur rédacteur chez Publicis conseil et Yannick Minvielle, 39 ans qui avait rejoint le groupe en 2011 où il travaillait comme directeur de création au sein de l’agence RED.

Trois autres collaborateurs, blessés, ont été hospitalisés. "Notre famille professionnelle n'a pas été épargnée par l'aveugle folie meurtrière" a fait savoir dès samedi 14 novembre, Maurice Lévy, le président du directoire, à l’ensemble des 62.000 salariés du groupe dans un communiqué interne. Trois jours après le drame, les salariés sont évidemment toujours sous le choc.

"Il règne un silence extrêmement pesant dans les couloirs. Un silence de mort" souligne l’une des porte-parole du groupe. Des équipes de psychologues ont été mandatés par la DRH pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de bénéficier d’un soutien.

Ce lundi 16 novembre, Elisabeth Badinter, la présidente du conseil de surveillance et Maurice Lévy, ont organisé au siège de Publicis, sur les Champs-Elysées, un moment de recueillement à 17h00. L’épouse de l’ex-garde des Sceaux, Robert Badinter, devait y prendre la parole.

Le groupe Vivendi et ses différentes filiales ont également été durement affectés. Un jeune programmateur musical de la chaîne Direct17 ainsi que deux salariés d'Universal Music font partie des victimes.

Les salariés des autres entreprises sont également "sonnés" même s'ils ne comptent pas de collègues de travail parmi les victimes.

"On est obligés de reprendre le rythme, mais tout ce qu'on fait paraît en décalage, tout le monde est sonné", témoigne Elsa Morinet, collaboratrice d'élu à la mairie de Paris et qui habite l'immeuble du boulevard Voltaire devant lequel un kamikaze s'est fait exploser vendredi soir.

Wafa, elle, n'en a "pas discuté" avec ses collègues des Galeries Lafayette, peut-être par "peur". "La vie continue, c'est malheureux mais il faut aller travailler", ajoute-t-elle. "Inquiétude et silence" régnaient dans le célèbre grand magasin du boulevard Haussmann, selon une de ses collègues, déplorant un quartier "mort", en ce triste début de semaine.

À La Défense, ambiance morose et entreprises sous pression

À La Défense, à l'ouest de Paris, où se concentrent nombre de sièges sociaux de très grandes entreprises, l'ambiance est, au mieux morne, au pire tendue en raison des mesures de sécurité.

Dans les bureaux, "c'est le sujet de conversation de tout le monde aux pauses café" mais "les gens bossent", témoigne de son côté un salarié d'Ernst and Young, société de conseil sise dans une des tours du quartier d'affaires. À l'instar de nombreux travailleurs, il fait état de "contrôles de sécurité renforcés", même si la plupart des entreprises faisaient déjà l'objet d'une vigilance accrue depuis les attaques de janvier 2015.

"Ils nous demandent de porter notre badge visiblement et ce matin, les agents fouillaient un peu plus les sacs, du coup il y avait une queue de 20 mètres à l'entrée de la tour", rapporte le consultant du cabinet de conseil.

"Il n'y a qu'une seule entrée ouverte dans notre tour, avec des agents de sécurité et une fouille systématique des sacs", détaille de son côté un porte-parole de Thales, également à La Défense. Idem chez Engie (ex-GDF Suez) qui a "renforcé les contrôles" et "invité" ses salariés à observer une minute de silence à midi en hommage aux victimes, "dans leurs bureaux" afin d'éviter tout rassemblement.

Chez IBM France, le "plan de sécurité mis en place depuis l'affaire de Charlie était "maintenu", selon un porte-parole. 

F.B. avec AFP

F.Bergé et P.Kupferman