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Balladur entendu par une mission parlementaire sur le Pakistan

L'ancien Premier ministre français Edouard Balladur a été entendu par une mission parlementaire sur le financement occulte présumé de sa campagne électorale en 1995. /Photo d'archives/REUTERS/Jacques Brinon/Pool

L'ancien Premier ministre français Edouard Balladur a été entendu par une mission parlementaire sur le financement occulte présumé de sa campagne électorale en 1995. /Photo d'archives/REUTERS/Jacques Brinon/Pool - -

PARIS - L'ancien Premier ministre français Edouard Balladur a été entendu par une mission parlementaire sur le financement occulte présumé de sa...

PARIS (Reuters) - L'ancien Premier ministre Edouard Balladur a été interrogé par des députés sur l'attentat de Karachi et les liens éventuels entre cette affaire et le financement de sa campagne présidentielle en 1995.

Cette audition, réclamée par Edouard Balladur après la parution d'articles de presse le mettant en cause, a clos les travaux de la mission d'information de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale sur l'attentat de Karachi qui coûta la vie à onze Français en 2002.

Composée de cinq membres (deux députés UMP, un Nouveau Centre, un communiste et un socialiste), la mission doit rendre son rapport le 12 mai prochain.

Son rapporteur, le socialiste Bernard Cazeneuve, a tenu une conférence de presse pour préciser les conditions dans lesquelles s'est déroulée l'audition d'Edouard Balladur, mais il a refusé de dévoiler le moindre élément sur le fond.

"L'intégralité de ses réponses seront dans le rapport", s'est-il contenté de répondre alors qu'on lui demandait si l'ancien chef du gouvernement français avait apporté des "éléments nouveaux" propres à faire "progresser la vérité".

Selon Bernard Cazeneuve, Edouard Balladur a répondu à toutes les interrogations des élus et il a été question du président Nicolas Sarkozy "de façon allusive". Le chef de l'Etat était à l'époque porte-parole de la campagne présidentielle du candidat Balladur et ministre du Budget dans son gouvernement.

L'élu socialiste a souligné que son rôle n'était "pas d'instrumentaliser à des fins politiques cette affaire en mettant en cause le président de la République, Edouard Balladur ou tel responsable de la majorité" mais "de faire en sorte que la vérité puisse progresser et que la souffrance des familles puisse être allégée".

NO COMMENT DE BALLADUR

Le député-maire de Cherbourg a insisté sur les "blocages absolus" qu'il dit avoir rencontrés dans son travail d'enquête, déplorant que le pouvoir exécutif n'accède pas à ses demandes de déclassification de documents liés à la vente de sous-marins Agosta au Pakistan.

Lors de la commission d'enquête parlementaire sur l'action de la France au Rwanda, en 1994, "j'ai eu 15.000 pages de documents déclassifiés à décortiquer, là je n'en ai pas eu une", a-t-il dit.

Edouard Balladur, qui a été entendu pendant un peu plus d'une heure à huis clos, n'a fait aucun commentaire à la presse.

Lundi, il avait nié que sa campagne présidentielle de 1995 ait été en partie financée par des rétro-commissions occultes liées à la vente par la France de sous-marins au Pakistan.

Le quotidien Libération venait de publier des documents étayant, selon le journal, la thèse d'un financement frauduleux de cette campagne, faisant le lien avec l'attentat de Karachi dans lequel onze employés des chantiers navals français ont été tués alors qu'ils travaillaient à la construction de ces sous-marins. Une enquête de police a été ouverte début février.

Bernard Cazeneuve a rappelé avoir réclamé à de nombreuses reprises l'audition de l'ancien Premier ministre, ce que les députés UMP de la mission ont toujours refusé. "Je pense que l'actualité a dû aider certains esprits à revenir à plus de raison", a-t-il commenté.

Il a également expliqué avoir demandé, en vain, l'audition de Dominique de Villepin, qui allait devenir secrétaire général de l'Elysée avec l'élection de Jacques Chirac, et du général Philippe Rondot, vétéran du renseignement français.

Laure Bretton, édité par Gilles Trequesser