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Finances publiques

Bercy accusé de piocher dans l’épargne des handicapés

Le gouvernement veut aligner l'allocation adulte handicapé sur les minima sociaux.

Le gouvernement veut aligner l'allocation adulte handicapé sur les minima sociaux. - Fred Dufour - AFP

La réforme de l’allocation adulte handicapé, prévue dans le projet de budget 2016, a provoqué la fureur de plusieurs associations. Et pour cause: certains contribuables pourraient perdre gros.

En pleine polémique sur les impôts locaux, voilà un désagrément dont se serait bien passé l’exécutif. Plusieurs élus et associations sont en effet montés au créneau pour dénoncer la refonte de l’allocation adulte handicapé (AAH).

Car le projet de budget 2016 prévoit de prendre en compte à partir de 2016 dans le calcul de cette dernière les intérêts non imposables des comptes d'épargne, tels que le livret A, dans le cadre d'un processus d'harmonisation entre minima sociaux. Ceci réduirait le montant de l'AAH (actuellement 807 euros par mois au maximum) pour les bénéficiaires ayant de l'argent de côté. Mais surtout, cela leur ferait perdre des droits connexes qui ne sont ouverts qu'à ceux qui touchent l'AAH à taux plein (complément de ressources de 179 euros par mois, ou majoration pour la vie autonome de 105 euros mensuels), dénonce l'Association des paralysés de France (APF).

"Limiter les effets de seuil"

L'association a calculé que, "pour quelques dizaines d'euros" tirés des intérêts de leurs livrets d'épargne (205 euros par an maximum sur un livret A), ces personnes perdraient "1.257 à 2.151 euros par an" de ressources.

Lors de la séance des questions à l'Assemblée, la députée UDI de Polynésie française Maina Sage a affirmé que cette mesure "conduira à une baisse de l'allocation, de 105 à 179 euros par mois" pour "210.000 personnes".

Or, "le montant de l'allocation est inférieur au seuil de pauvreté", a-t-elle expliqué. La secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées, Ségolène Neuville, lui a répondu qu'elle travaillait à des propositions "destinées à limiter les effets de seuil" pour les personnes concernées.

L'Association des paralysés de France a, de son côté, lancé une pétition intitulée "Stop à l'indécence" qui avait recueilli mardi 3 novembre plus de 33.500 signatures.

Y.D. avec AFP