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Bercy pousse au gel du prix des cigarettes jusqu’aux élections

Le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert, estime que les fabricants de tabac ont des "marges assez importantes pour absorber" les hausses de taxes.

Le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert, estime que les fabricants de tabac ont des "marges assez importantes pour absorber" les hausses de taxes. - -

Les fabricants proposeront ce mardi soir un maintien de leurs prix pour janvier prochain. La prochaine variation n’interviendrait pas avant mai prochain.

Tout pour que le prix des cigarettes n’augmente pas avant les élections. Depuis deux mois, le gouvernement fait traîner l’homologation des prix. Sous la pression de petits fabricants de cigarettes, il a toutefois dû se résoudre à lancer un processus. Mardi soir, les industriels devront remettre à Bercy les prix de leurs paquets pour une entrée en vigueur en début d’année. "Mi-janvier au lieu du 1er janvier" assure-t-on au secrétariat d'État au Budget. "Pas avant le mois de février, assure un industriel, il leur faut au moins deux mois pour homologuer les prix".

Avec la généralisation du paquet neutre au 1er janvier, l’industrie s’inquiète de voir ses ventes baisser. Il est aujourd’hui trop tôt pour en connaître l’impact. De plus, les fabricants s’étonnent que Bercy ait fixé ce dépôt de prix en pleine discussion sur le projet de loi de finance rectificative (PLFR) plutôt que d’attendre son vote dans deux semaines. Il y a trop d’incertitudes pour augmenter les prix et risquer un second effet négatif sur les volumes. Selon plusieurs sources, les prix déposés mardi soir devraient donc être stables.

En théorie, la prochaine évolution des prix doit intervenir au 1er avril. Mais d’ores et déjà, les fabricants de tabac s’attendent à ce que Bercy joue la montre un mois de plus pour éviter qu’une éventuelle hausse des prix n’intervienne pendant l'élection présidentielle. "Il n’y aura rien avant l’été prochain" assure un lobbyiste de l’industrie.

200 millions d’euros de manque à gagner

Sauf qu’à partir du 1er janvier, les majors du tabac devront financer la hausse de la rémunération des buralistes et une taxe sur leur chiffre d’affaires qui a été votée lundi soir à l’Assemblée nationale. Un surcoût estimé à environ 200 millions d’euros pour 2017. L’industrie estime que les prix devraient augmenter de 40 centimes pour répercuter ces charges et cette taxe. "Elle a des marges assez importantes pour les absorber" assure-t-on au secrétariat d'État au Budget. Une consigne à peine voilée du gouvernement pour prolonger le gel des prix qui dure depuis trois ans.

Matthieu Pechberty