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Réforme du droit du travail: pour Berger ça n'urge pas, pour Gattaz si

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a mis en garde le nouveau président de la République. Il rappelle le caractère "indispensable" du "temps de la concertation". De son côté, Pierre Gattaz, président du Medef, appelle "à aller vite".

Le nouvel exécutif va devoir ménager la chèvre et le chou. D'un côté, Laurent Berger a mis en garde Emmanuel Macron sur la réforme du code du travail. "Une réforme hâtive du code du travail serait contre-productive", a prévenu le secrétaire général de la CFDT, soulignant le caractère "indispensable" du "temps de la concertation", dans un entretien publié dans le quotidien Les Échos.

"Si Emmanuel Macron veut passer à la hussarde, ça ne marchera pas", a mis en garde Laurent Berger, alors que le chef de l'État envisage de réformer le code du travail rapidement par ordonnances. "Il se trompe s'il croit" que cela "lui permettra d'éviter un conflit social", a-t-il insisté, appelant le gouvernement à "jouer la transparence et la concertation", à "donner du sens à son projet". "Une réforme du code du travail, à elle seule, ne va pas créer de l'emploi", a-t-il ajouté.

La CFDT veut une évaluation des réformes passées

Citant d'"autres leviers essentiels pour développer l'emploi", comme les "investissements massifs dans la transition écologique" ou la "formation professionnelle", le numéro un de la CFDT a insisté sur le "développement de la cogestion dans les entreprises", un sujet "évoqué" par Emmanuel Macron pendant la campagne. Laurent Berger a par ailleurs demandé une "évaluation" des "nombreuses réformes" lancées ces dernières années pour lutter contre le chômage ("rupture conventionnelle, nouvelles procédures pour les plans sociaux, restauration des marges des entreprises"). 

"Même chose sur les indemnités prud'homales que le président veut plafonner", a-t-il ajouté. "Ne faudrait-il pas d'abord mesurer" les résultats du "barème indicatif?" mis en place dans la loi Travail, s'est interrogé Laurent Berger, en attente de la "démonstration de l'efficacité d'un plafonnement". Et selon lui, "le préjudice subi doit être réparé intégralement".

Pierre Gattaz appelle "à aller vite"

Le président du Medef, n'est pas du même avis. La réforme du marché du travail lui paraît prioritaire. "Il faut aller vite, pour la confiance, pour l'aspect attractif de la France. Il ne faut pas s'enliser dans cinq ans de discussions. La réforme du marché du travail, c'est le sujet majeur de la France aujourd'hui, faisons-le en toute transparence, en concertation mais en rapidité", a déclaré Pierre Gattaz lors d'une conférence de presse. Pour le président du Medef, "le débat sur les ordonnances est surréaliste". "Elles font partie de nos outils démocratiques, elles permettent d'aller vite et ne suppriment pas du tout la concertation".

Le patron des patrons a appelé à "trois mesures rapides" pour réformer le code du travail: le plafonnement des indemnités prud'homales, la création d'une instance unique du personnel et l'inversion de la hiérarchie des normes qui donne la primauté à l'accord d'entreprise. "L'un des grands blocages de l'économie française, c'est la peur d'embaucher. Donc il faut travailler cette flexisécurité, donner plus d'agilité aux entrepreneurs mais surtout travailler en parallèle sur la formation permanente". "Et puis on ne débarque pas de rien", a-t-il estimé, évoquant notamment la loi El Khomri et la campagne d'Emmanuel Macron qui "a passé six à neuf mois à expliquer ce qu'il allait faire". En clair: "il n'y a pas d'effet de surprise".

Stéphane Van Huffel, le co-fondateur de Net Investissement.fr, était ce 17 mai l’invité de BFM Business. Pour lui, il reste effectivement des ambiguïtés économiques sur les mesures précises sur le marché du travail et d'autres aspects du programme économique du nouveau président, mais note tout de même un élan très positif.

D. L. avec AFP