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Bernard Arnault provoque un tollé dans la classe politique

Bernard Arnault, ici en Une du quotidien Libération, a crée une polémique autour de sa demande de double nationalité

Bernard Arnault, ici en Une du quotidien Libération, a crée une polémique autour de sa demande de double nationalité - -

La demande de double nationalité franco-belge du patron de LVMH Bernard Arnault a suscité une vague de réactions au sein de la classe politique. Petit florilège.

La demande d’accession à la double nationalité de Bernard Arnault a provoqué un tollé en France. La mise au point du patron de LVMH niant tout exil fiscal, dimanche 9 septembre, n’y a rien changé. De l’extrême-droite à l’extrême gauche, c’est toute la classe politique qui a réagi, à commencer par le président de la République.

Invité du journal de 20h, dimanche soir sur TF1, François Hollande a déclaré que Bernard Arnault "aurait dû mesurer ce que signifie demander une autre nationalité".

Les socialistes comme un seul homme

Ses camarades socialistes ne s’étaient pas privés avant lui pour fustiger l’attitude de la plus grande fortune de France.

"M. Arnault, vous appartenez aux élites économiques du pays. Quand on aime la France, on ne la quitte pas par gros temps !" Harlem Desir, candidat à la présidence du parti.

"On peut être un chef d'entreprise et rester un citoyen (....), il ne faut pas donner de signe de trahison . "C'est un signe de trahison par rapport au redressement national […]Je pense que Bernard Arnault a été bien protégé, je crains même qu'il fasse parti des accros aux privilèges qu'ont générés les cinq ans de Sarkozy. Ils ont le sentiment d'avoir toujours été protégés et aujourd'hui, parce qu'on leur demande de participer au redressement national, ils donnent des signes qu'ils veulent y échapper". Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée.

"J'attends des Français, notamment les plus riches, qu'ils soient des vrais patriotes". Benoît Hamon, ministre de l’Egalité sociale et solidaire.

"Au-delà de l'évasion fiscale, c'est une évasion morale. L'intérêt national n'est pas un luxe". Jean-Chistophe Cambadelis, député de Paris qui propose la création une commission d'enquête parlementaire sur l'évasion fiscale".

L'UMP divisée sur la question

A l’UMP, la question divise. Les deux principaux candidats à la présidence, François Fillon et Jean-François Copé, ont préfèré condamner la politique du gouvernement que la démarche du patron de LVMH, de même que Frédéric Lefebvre. Pendant que d’autres, comme Jacques Myard ou Henri Guaino, s' insurgeaient.

"Quand on prend des décisions stupides, on arrive à ces résultats effrayants". François Fillon, ex-Premier ministre et député de Paris.

"Il faut arrêter les procès d'intention à l'encontre de Bernard Arnault qui, dans une démocratie, reste libre de ses choix personnels. Le rôle des politiques est d'imaginer des réformes qui rendent attractif notre pays aux investisseurs plutôt que d'imaginer des solutions démagogiques et de pleurer ensuite sur leurs conséquences inéluctables." Frederic Lefebvre, ex-ministre de Nicolas Sarkozy.

"Arrêtons avec cela. Bernard Arnault a été le créateur du plus grand groupe industriel du monde dans le luxe" et "j'ai compris qu'il restait domicilié fiscal en France". "Le vrai sujet n'est pas telle ou telle personnalité mais la logique économique. Quand l'idéologie prend le pas sur l'intérêt supérieur de notre pays, qui est de créer des emplois et avoir des recettes fiscales en France, on va dans le mauvais sens" Jean-François Copé, député de Seine-et-Marne.

"La politique socialiste est une politique de Gribouille ! Il n'en demeure pas moins que la décision annoncée du patron de LVMH est tout simplement inadmissible et honteuse ! Si un grand patron français n'a pas d'autre sentiment patriotique que l'affection qu'il porte à son compte en banque, il ne mérite que le plus profond mépris !" Jacques Myard, député des Yvelines.

"Si c'est une naturalisation fiscale, c'est honteux, si ça ne l'est pas, c'est à lui d'expliquer" Henri Guaino, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy et député des Yvelines.

Les extrêmes révoltées

A la gauche de la gauche, c’est la colère qui domine. Les deux anciens candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou, n’y sont pas allés par quatre chemins.

"Chez nous, nous avons l'habitude de ça. Les riches, les importants, les puissants n'ont d'autre patrie que l'argent. Ils n'aiment pas leur patrie", a-t-il lâché. "Ca suffit. Ces gens sont des parasites, voilà ce qu'ils sont. Et donc, dans l'éco-socialisme auquel nous aspirons, ils n'ont pas leur place […] Donc s'il s'en va, au revoir. Mais sa fortune et ses moyens, ils appartiennent à ceux qui les ont produits par leurs efforts". Jean-Luc Mélenchon, porte-parole du Front de gauche.

"Qu'il parte s'il le souhaite, mais l'argent doit rester! Les richesses sont créées par celles et ceux qui vendent leur force de travail manuelle ou intellectuelle (...) Si Bernard Arnault prétend préserver ses profits en s'expatriant en Belgique, la sanction devrait être la confiscation de sa fortune, l'expropriation de ses sociétés" Philippe Poutou, ex-candidat du NPA à la présidentielle.

De l’autre côté de l’échiquier politique, on s'est montré tout aussi virulent, mais pas pour les mêmes raisons :

"Comment va-t-on expliquer aux immigrés qui viennent en France et qui cherchent à avoir la nationalité française uniquement pour des raisons pécuniaires que c'est un comportement scandaleux, si la quatrième fortune mondiale fait exactement la même chose. […] C'est un très mauvais exemple. C'est d'autant plus condamnable (...) que l'Etat français l'a beaucoup aidé en lui ouvrant tout une série de marchés à l'étranger, je vois qu'il n'est pas bien reconnaissant". Marine Le Pen, présidente du Front national.

Yann Duvert et AFP