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Economie et Social

Bonus-malus, fiscalité, écologie… Ce qu’il faut retenir du discours d’Edouard Philippe

Le Premier ministre a évoqué les grandes lignes de l’année à venir confirmant notamment des baisses d’impôts et un réel virage écologique.

« Un nouvel élan… » Pour son discours de politique générale, Edouard Philippe est revenu sur les grandes annonces faites par le président de la République, en avril dernier, en annonçant « une nouvelle étape avec un profond changement de méthode, tout en gardant la constance et la cohérence. » Et de souligner : « Notre ennemi, ce n’est pas le mouvement, c’est le statu quo. » Voici les grands points économiques à retenir.

Le virage écologique

« Ces 12 prochains mois seront ceux de l’accélération écologique » a lancé le Premier ministre, précisant que « plus personne n’a le monopole du vert ». Il est d’ailleurs revenu sur les critiques qui le visent directement. « Je connais les soupçons me concernant » a-t-il souligné. « Oui, j’ai mis du temps à comprendre que ces enjeux étaient aussi importants » mais « je ne suis pas défenseur de la décroissance », souligne-t-il, apportant son soutien marqué à l’agriculture française et à l’industrie.

Plus concrètement, il a évoqué les aides à la rénovation énergétique, qui seront réformées, en faveur de ceux qui en ont le plus besoin. « Puis, le deuxième acte est d’en finir avec le gaspillage » a poursuivi le Premier ministre. Tous les produits en plastique jetables seront ainsi bannis des administrations dès l’année prochaine mais le Premier ministre vise surtout un objectif de 100% plastiques recyclés à l'avenir. Le projet de loi de lutte contre le gaspillage sera donc dans les « priorités » de l'Assemblée en septembre.

La réforme de l’assurance-chômage

Le chômage baisse « mais nous n’en avons pas fini avec le chômage de masse » a prévenu Edouard Philippe, qui veut aussi lutter contre la précarité des salariés. Il est donc revenu sur le système de bonus-malus pour lutter contre les contrats courts. « Nous avons donné aux entreprises plus de souplesse et plus de sécurité. La contrepartie est une responsabilité accrue dans le recours aux contrats courts qui empêchent les salariés de construire leur vie avec un minimum de sérénité. « C’est pourquoi dans les 5 à 10 secteurs d’activité qui utilisent le plus souvent ces contrats, nous instaurerons un principe de bonus-malus sur les cotisations d’assurance-chômage. Dans les autres secteurs, nous prendrons une mesure transversale pour décourager les recours aux CDD d’usage. » La réforme sera présentée le 18 juin prochain.

« Le deuxième objectif de cette réforme, c’est de faire en sorte que le travail paie toujours plus que l’inactivité » a-t-il poursuivi, soulignant que le gouvernement devait « mettre fin » aux situations inverses, sans pour autant donner plus de précisions sur la manière.

Enfin le troisième objectif vise à « introduire une dégressivité des indemnisations pour les salariés qui perçoivent les salaires les plus élevés. » Là encore, il n’a pas exposé de chiffres précis sur cette question.

27 milliards d’euros de baisses d’impôts

« Nous avons reçu le message d’exaspération fiscale des Français. Sur l’ensemble du quinquennat, les impôts des ménages baisseront de près de 27 milliards d’euros » a indiqué le Premier ministre.

« Nous avons choisi de concentrer l’intégralité de la baisse de l’impôt sur le revenu, annoncé par le président de la République sur les classes moyennes qui travaillent » a-t-il poursuivi. « Le taux d’imposition de la première tranche, (soit 12 millions de foyers) sera abaissé de 3 points. Cela représente un gain moyen par foyer de 350 euros. » Concernant les 5 millions de foyers de la tranche suivante, ils « bénéficieront d’un gain moyen de 180 euros » tandis que les effets de cette réforme sur les tranches suivantes seront « neutralisés. » Ces baisses seront effectives pour l’année 2020.

Il a aussi confirmé que la taxe d’habitation sur les résidences principales sera intégralement supprimée pour l’ensemble des Français, d’ici 2023.

Réduire les dépenses publiques

Face à ces baisses d’impôts, le Premier ministre n’a pas détaillé la manière dont le gouvernement allait éviter des dérapages budgétaires. Comme déjà annoncé, il a évoqué la « révision » de certaines niches fiscales. « Nous nous concentrerons sur les niches anti-écologiques, sur celles concentrées sur les très grandes entreprises ou sur les niches qui réduisent les droits sociaux des salariés comme la déduction forfaitaire spécifique. » Il a précisé que l’exécutif laissera le temps aux acteurs de s’y habituer progressivement.

La prime exceptionnelle pour un an

« La prime exceptionnelle sera reconduite pour un an en 2020. Pour que cet élan soit pérenne, les entreprises devront mettre en place un dispositif d’intéressement au profit de leurs salariés avant le 30 juin 2020 » a indiqué le Premier ministre.

Retraites

Edouard Philippe a aussi évoqué la réforme des retraites. « Avec un principe simple : les règles seront les mêmes pour tous » explique-t-il. « Cela signifie la fin des régimes spéciaux. Cela se fera progressivement. Il faut du temps et de la souplesse. Nous nous en donnerons » a-t-il indiqué.

Une fois de plus, il a rappelé qu’il « faudra travailler plus longtemps ». En revanche, l’exécutif ne touchera pas à l’âge de départ. « Nous maintiendrons donc la possibilité d’un départ à 62 ans mais nous définirons un âge d’équilibre et des incitations à travailler plus longtemps. » Quant au rapport de Jean-Paul Delevoye, il est bien attendu pour le mois prochain.