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Comment les grévistes s'organisent financièrement pour tenir le plus longtemps possible

La grève à la SNCF pourrait reprendre mi-septembre (image d'illustration)

La grève à la SNCF pourrait reprendre mi-septembre (image d'illustration) - Pascal Pavani - AFP

Caisses de grèves, fonds de solidarité, cumul d'heures supplémentaires… Les grévistes, bien aidés par les syndicats, devraient pouvoir tenir plusieurs semaines, malgré les pertes de salaire.

Ce 5 décembre marque le point de départ d'une grève qui pourrait durer. Mais combien de temps ? Quelques jours ou plusieurs semaines? Une chose est sûre, les grévistes se sont organisés pour tenir le plus longtemps possible.

Pour cela, ils sont bien aidés par les syndicats qui, pour une partie d'entre eux, disposent d'une "caisse de grève" alimentée par les cotisations. De quoi soutenir financièrement les grévistes. Le trésor de guerre le plus impressionnant est celui de la CFDT qui l'a mise en place dès 1973 : il culmine aujourd'hui à 126 millions d'euros, réservé aux adhérents. "Cette caisse ne concerne pas que la grève, mais d’abord la défense juridique, individuelle et collective, l’aide aux adhérents lorsqu’ils mènent un conflit dans leur entreprise" tempère, sur LCI, le secrétaire général du syndicat Laurent Berger.

En réalité, ce fonds pourra bien bénéficier aux cheminots de la CFDT qui participent la grève, même si le syndicat, sur le plan national, n'est pas officiellement partie prenante du mouvement social. Concrètement, à partir du 2ème jour du conflit, les grévistes peuvent percevoir 7,30 euros de l'heure, en guise de dédommagement. Et pour éviter que certains adhèrent juste pour toucher cette aide, la CFDT la réserve à ceux qui ont au moins six mois d’ancienneté…

La cagnotte de FO, "bien remplie"

Les autres syndicats restent plus évasifs sur leurs caisses de grève. Chez Force Ouvrière, pas de montant officiel. Le chiffre serait proportionnel au nombre d'adhérents. Or, dans un contexte de guerre d'influence entre syndicats, FO se refuse à communiquer le nombre précis de ses adhérents à jour de cotisation. Mais un responsable de FO assure à BFM Business que la cagnotte est "bien remplie" car les dernières grosses grèves remontent maintenant à la réforme El Khomri, en 2016.

Du côté de la CGT, pas de caisse permanente mais des "fonds de solidarité" qui apparaissent au gré des mouvements sociaux. Dans le même ordre d'idée, des cagnottes spontanées apparaissent lors des conflits les plus durs. En 2018, une cagnotte destinée à soutenir les cheminots grévistes avait rapporté près de 1,3 million d'euros, gérés par une association créée pour l'occasion. La redistribution a d'ailleurs fait l'objet d'âpres discussions pour déboucher sur une série de critères indispensables pour toucher cet argent : nombre de jours de grève, taille du foyer, revenus…

Primes et 13ème mois

Mais ces sommes restent faibles pour un mouvement de l'ampleur de ce mois de décembre. Les grévistes se sont donc organisés, par exemple en cumulant des heures supplémentaires ces derniers mois et en mettant de l'argent de côté. A la RATP, les cheminots ont déjà reçu leur 13ème mois, versé traditionnellement en novembre. Ceux de la SNCF comptent sur leurs primes de fin d'année qu'ils toucheront le 17 décembre.

Résultat, les grévistes peuvent tenir au moins jusqu'à Noël. Voire plus… Contacté par BFM Business, l'Unsa résume : "On a de quoi tenir un mois s'il le faut, tout dépendra des réponses apportées par le gouvernement." L'exécutif est prévenu.

Thomas Leroy