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Economie et Social

Combien gagnent vraiment les cheminots en France et quels sont leurs avantages

Les données sociales de la SNCF relativisent (un peu) les privilèges du statut de cheminot: tous les salariés de l’entreprise ferroviaire ne sont pas logés à la même enseigne. Avec 22 jours de RTT, un salaire confortable et des primes aux km parcourus, les conducteurs de trains sont les mieux lotis. Le point sur quelques idées reçues en infographie.

L’exécutif ouvre ce lundi les négociations sur la réforme du système ferroviaire français et plus particulièrement sur le statut des cheminots. En effet, un rapport explosif remis ce jeudi par l'ex-patron d'Air France, Jean-Cyril Spinetta, préconise la fin du statut de cheminot pour les nouveaux recrutements.

Pour rappel, le statut de cheminot ne concerne pas que les conducteurs de trains mais tous les salariés non contractuels de la SNCF, dont les employés de bureau, soit 90% des effectifs de l'entreprise publique. Vieux de plus d’un siècle, ce statut souffre d’une très mauvaise image dans l’opinion publique, les cheminots étant perçus comme des privilégiés. Mais, qu’en est-il vraiment? Les statistiques sociales publiées par la SNCF relativisent un peu les avantages. Voici le vrai du faux de quelques idées reçues:

1. "Les cheminots sont bien payés"

C’est seulement vrai pour les agents de conduite. La grille de rémunération de la SNCF compte huit échelons, de A à H, du simple exécutant au cadre supérieur. Dans cette grille, les salaires s’avèrent très proches des moyennes de l’INSEE pour la France entière à responsabilité équivalente. Par exemple, un agent de maîtrise rang E touche 3030 euros brut par mois à la SNCF contre 3033 euros pour l’ensemble des professions intermédiaires.

Seuls les agents de conduite sortent de cette grille de rémunération. Un conducteur de train au deuxième échelon peut ainsi gagner plus qu’un manager, avec une rémunération mensuelle brute moyenne de 3591 euros.

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2. "Les cheminots touchent plein de primes"

Ça c’est plutôt vrai. Les agents commerciaux à bord des trains voient leur salaire fixe grossir de 25% avec les primes, en moyenne. Ainsi, près d’un quart de leur rémunération totale par an est variable. Cette pratique est cependant courante dans le commerce. Dans les autres corps de métier, les primes représentent tout de même de 10 à 19% de la rémunération finale.

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Les cheminots disposent de tellement d’indemnités, allocations, gratifications et primes différentes qu’ils ne connaissent pas toujours l’ensemble de leurs droits. Pour qu’ils puissent vérifier leur fiche de paie, le syndicat Sud-Rail a publié une liste récapitulative d’une douzaine de pages. Ces gratifications supplémentaires sont souvent là pour compenser la pénibilité du travail.

Les conducteurs disposent, en plus, d’une prime spécifique: la prime de traction. Elle est composée d’une prime de parcours, calculée en fonction de la distance parcourue. Un conducteur de Tram touchera par exemple 17,08 euros pour 1000km parcourus en Ile-de-France et un conducteur de FRET 88,54 euros tous les 1000km. Cette somme peut être complétée par des primes pour le travail de nuit ou la conduite seule. 

3. "Les cheminots travaillent très peu"

En tout cas moins que le Français moyen. Les cheminots disposent d’un jour de congé supplémentaire par rapport au droit commun, soit 28 jours. Ajouté à cela, les conducteurs et contrôleurs dans les trains disposent de 22 jours de RTT par an. Les agents "sédentaires" disposent de 18 jours de RTT s’ils travaillent en journée et 28 pour les travailleurs de nuits.

De plus, la SNCF affiche un taux d’absentéisme supérieur à la moyenne française. Les contrôleurs et vendeurs à bord des trains s’absentent 38 jours par an en moyenne et 36 jours pour les agents qui restent en gare. Les conducteurs de trains, une profession particulièrement masculine, abandonnent moins souvent leur poste, seulement 19 jours par an. En effet, les congés de parentalité représentent une grande partie des journées d’absences et restent encore l’apanage des mères. Les cheminots ont d'ailleurs le droit à quelques jours de congés pour soigner un proche malade.

Les contrôleurs sont les plus exposés aux accidents du travail: 5 jours d'arrêt par an en moyenne. Cela s’explique par leur contact direct avec la clientèle et les risques d’agression. Pour comparaison, le dernier baromètre TNS-Sofrès estimaient que les Français s’absentent en moyenne 17 jours par semaine, contre 24 pour l’ensemble des salariés de la SNCF.

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E.G.