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Finances publiques

Comment le gouvernement veut attirer à Paris les traders de Londres

Le gouvernement Philippe a pris le taureau par les cornes pour que l'Île-de-France, comme place financière, profite du Brexit.

Le gouvernement Philippe a pris le taureau par les cornes pour que l'Île-de-France, comme place financière, profite du Brexit. - Patrick KOVARIK / AFP

Édouard Philippe a présenté un train de mesures pour renforcer l'attractivité de la place financière de la capitale française: fin du taux majoré de la dernière tranche de la taxe sur les salaires, exclusion du bonus différé des traders dans le calcul des indemnités de licenciement... Trois lycées internationaux seront par ailleurs créés pour les enfants d'expatriés.

Le gouvernement Philippe a pris le taureau par les cornes pour que l'Île-de-France, comme place financière, profite du Brexit. Alors que la France souffre d'un défaut d'attractivité selon certains études récentes, c'est le Premier ministre lui-même qui a présenté, ce vendredi 7 juillet, toute une série de mesures pour attirer les états-majors des banques basés à Londres et leurs salariés, à Paris et dans son quartier d'affaires à la Défense.

Pour réduire le différentiel de coût du travail très important dans le secteur financier par rapport aux économies européennes comparables, "le taux majoré de 20% pour la dernière tranche de la taxe sur les salaires, introduit en 2013, sera supprimé, pour favoriser la création d’emplois directs et indirects", a annoncé Édouard Philippe.

Une chambre commerciale internationale en projet

Dans le domaine du droit social, le gouvernement entend réduire l’incertitude sur les coûts de rupture des contrats de travail dans le secteur de la finance. Premiers visés: les traders et leur système de rémunération spécifique. "Les bonus différés de certains salariés de la finance, encadrés par des règles européennes, seront exclus du calcul des indemnités de licenciement", a ajouté le chef du gouvernement.

Autre mesure importante: le gouvernement lance le projet d'une nouvelle cour de justice, "une chambre commerciale internationale spécialisée dans ces contentieux à haute technicité juridique". Intégrée à la cour d'appel de Paris et située sur l'île de la Cité, cette chambre statuerait en appel des décisions rendues par le tribunal de commerce de Paris, selon le gouvernement.

Afin de faciliter les transitions professionnelles des salariés venus de Londres vers la France, un dispositif de bascule progressive vers l’assurance-vieillesse pour les impatriés "sera mis à l’étude en vue d’une entrée en vigueur avant le Brexit" a déclaré Édouard Philippe.

En 2018, la taxe sur les transactions financière (TTF) devait initialement être étendue aux transactions "intrajournalières" ("intraday", dans le langage financier). Cette extension sera "supprimée", a annoncé le Premier ministre. Le gouvernement a en revanche maintenu vendredi le taux de 0,3% de la TTF, quand le rapport sénatorial suggérait de la baisser à 0,2%.

Un lycée international près de La Défense dès la rentrée 2017

Enfin, la région Île-de-France et le ministère de l’Éducation nationale s’engagent pour développer l’offre de pôles internationaux (écoles, collèges, lycées) et des sections internationales implantés en Île-de-France, destinés à accueillir les enfants d'expatriés.

Trois nouveaux lycées internationaux seront créés d'ici 2022, selon l'exécutif régional, présent lors de cette présentation. Dès la rentrée 2017, le lycée Lucie Aubrac de Courbevoie, situé à proximité du quartier des affaires de La Défense, deviendra ainsi lycée international avec des classes bilingues.

Le précédent exécutif socialiste avait déjà pris des mesures pour l'attractivité lors du précédent quinquennat, notamment de facilitation du retour des expatriés, la confirmation du chantier du "CDG Express" pour desservir Roissy, ainsi qu'une baisse progressive du taux d'impôt sur les sociétés. Mais ces mesures avaient été jugées "insuffisantes", selon un rapport sénatorial publié en juin 2017, pour combler le retard d'attractivité de Paris pour bénéficier du Brexit, face à Francfort, Luxembourg ou Dublin.

Frédéric Bergé