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Comment Marine Le Pen compte remplacer l'euro par le nouveau franc

Marine Le Pen souhaite l'abandon de l'euro.

Marine Le Pen souhaite l'abandon de l'euro. - Martin Bureau - AFP

La candidate du Front national veut établir un nouveau franc qui, à sa création, aurait la même valeur que l’euro, a-t-elle affirmé ce mercredi. Le point sur la politique monétaire qu'entend mener Marine Le Pen si elle est élue Présidente.

Changera-t-on une nouvelle fois de monnaie si Marine Le Pen est élue présidente de la République? Oui, si l’on en croit le programme du Front national. Parmi les "144 engagements présidentiels" de la candidate, figure en effet "le rétablissement d’une monnaie nationale adaptée à notre économie, levier de notre compétitivité".

Depuis son entrée en campagne, la dirigeante frontiste a progressivement levé le voile sur la façon dont elle compte s'y prendre pour en finir avec l'euro. "Il y aura une monnaie pour les Français, la monnaie nationale, pas deux monnaies", avait-elle déclaré en janvier sur Europe 1. "En revanche, il est possible d'envisager pour les entreprises, ce qui a existé par le passé, qui était l'Ecu (pour European currency unit, ndlr), une monnaie commune. C'est un peu compliqué, ça ne touche pas les 60 millions de Français, ça touche exclusivement les États ou les grandes entreprises", avait-elle ajouté sans rentrer dans le détail.

L’abandon de l’euro, qui sera remplacé par un nouveau franc, semble donc acté en cas d’accession aux plus hautes fonctions de Marine Le Pen. Ce qui n'est pas le cas de l'éventuelle sortie de l’Union européenne qui, elle, devra faire l’objet d’un référendum.

"1 euro = 1 franc"

Mais quelles seront les conséquences de l'instauration de cette nouvelle monnaie nationale qu'elle appelle de ses voeux? "Il n'y aura pas la valse des étiquettes qui a existé lorsque nous sommes passés du franc à l'euro, pas de division, de multiplication épouvantable, pas de double étiquetage pour les commerçants. La situation sera évidemment beaucoup plus simple.", a-t-elle assuré ce mercredi sur RTL. Puisque selon elle, "1 euro (sera) égal à 1 franc".

Le franc n'initierait-il pas son retour dans le cortège des monnaies en perdant immédiatement de sa valeur? "La dévaluation est un acte politique, qui se détermine en fonction de la valeur de la monnaie à un instant T. En l'état, le FMI, l'OFCE indiquent que l'euro est surévalué entre 7% et 11% par rapport à ce que devrait être une monnaie nationale. Donc pour l'instant, il n'y a aucune raison de dévaluer", affirme Marine Le Pen.

Une facture de plus de 100 milliards d'euros? 

Une posture qui ne convainc en rien la grande majorité des économistes, qui pointent le risque d’une chute immédiate de la valeur de la nouvelle devise nationale. "En cas de sortie de l'euro, il y aura une dépréciation mécanique du franc de 15 à 20%", estime ainsi, dans Le Figaro, le directeur adjoint du très libéral Institut Montaigne.

Le magazine économique Challenges, de son côté, estime le coût de l'opération à... 144 milliards d'euros. Partant de l'hypothèse d'une dépréciation de la nouvelle monnaie de l'ordre de 20%, la dette publique et privée détenue par des étrangers augmenterait mécaniquement de 20%. Soit une première facture de 54 milliards d'euros. S'y ajouteraient les conséquences immédiates sur l’écart des taux d’intérêt appliqués à la France et à l’Allemagne pour emprunter sur les marchés. La Banque de France, par la voix de son gouverneur François Villeroy de Galhau, estime ce seul coût à 30 milliard d'euros.

Enfin, les ménages auraient eux à payer la facture la plus lourde: 60 milliards d'euros. Car la dépréciation du nouveau franc devrait générer une forte inflation, liée à l'augmentation du prix des produits importés. Avec un effet probable sur la consommation.

Y.D.