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Finances publiques

Compétitivité : mais où le gouvernement va-t-il trouver 10 milliards d'économies ?

Pour financer le crédit d'impôt aux entreprises, le Premier ministre annonce 10 milliards d'économies budgétaires en 2014 et 2015

Pour financer le crédit d'impôt aux entreprises, le Premier ministre annonce 10 milliards d'économies budgétaires en 2014 et 2015 - -

Pour financer les mesures en faveur de la compétitivité des entreprises, Jean-Marc Ayrault a annoncé, outre une hausse de la TVA, 10 milliards d'euros d'économies budgétaires supplémentaires. Plus facile à dire qu'à faire.

Même le patronat salue l'annonce du gouvernement, c'est tout dire ! Pour financer les 20 milliards d'euros de mesures destinées à favoriser la compétitivité des entreprises, Jean-Marc Ayrault a décidé, outre une augmentation de la TVA, de réaliser 10 milliards d'euros d'économies budgétaires en 2014 et 2015 en plus de celles déjà promises dans le projet de loi de programmation des finances publiques pour les cinq ans à venir.

"Dix milliards d'euros sur deux ans, c'est moins de 1% de la dépense publique totale, c'est 0,5% de la richesse nationale", a déclaré le chef du gouvernement en milieu de journée. Seul problème : on ne décrète pas comme cela 10 milliards d'économies, même sur deux exercices budgétaires. La preuve en est donnée avec les 10 milliards d'économies prévues par le gouvernement dans le budget 2013, en cours de discussion au Parlement.

Stabilisation ne veut pas dire réduction

En fait d'économies, mieux vaudrait parler de moindre progression des dépenses de l'Etat par rapport à leur évolution spontanée. "Les dépenses de l'Etat hors dette et pensions de retraite,sont stabilisées en valeur en 2013 au niveau de la loi de finances initiale 2012", précise d'ailleurs le document de présentation du projet de loi.

Selon les documents budgétaires, ces dépenses passeront ainsi de 369,8 milliards d'euros en 2012 à 370,9 milliards en 2013, 373,5 milliards en 2014 et 377,9 milliards en 2015. Après prise en compte de l'inflation attendue, cela représente une évolution "zero valeur" comme le précise le projet de budget. Et non une baisse franche des dépenses.

Pour les années à venir, le gouvernement avait prévu, avant l'annonce de ce mardi, une hausse de 0,7% des dépenses hors inflation. Désormais, il lui faudra revoir ce chiffre pour dégager de véritables économies en 2014 et 2015 s'il veut réellement respecter sa promesse de 10 milliards d'euros d'économies. D'autant qu'il a promis une baisse des prélèvements obligatoires à partir de 2015.

Tailler dans les subventions

Les économies sur le fonctionnement courant de l'Etat ne suffiront donc pas à stabiliser les dépenses comme cette année. Le gouvernement devra vraiment tailler dans les 70 milliards d'euros de dépenses d'intervention (aides, subventions, allocations....). Ce qu'il n'a pas voulu faire en 2013, officiellement pour ne pas toucher au pouvoir d'achat des Français : les coupes n'atteindront, en effet, que 2 petits milliards.

Pour atteindre son objectif, le gouvernement devra également s'attaquer à la masse salariale (86 milliards d'euros hors pensions en 2013). Or, François Hollande s'est engagé à recruter 65 000 fonctionnaires durant le quinquennat tout en stabilisant le nombre total d'agents publics. Au mieux avec cette mesure, la masse salariale devrait donc être stabilisée, mais surement pas réduite. Sauf à bloquer les augmentations générales de salaires jusqu'en 2017. Difficile politiquement à envisager.

Reste au gouvernement à espérer que la charge de la dette (46,9 milliards en 2013) continuera de se réduire. Et surtout, que la croissance sera au rendez-vous dans les deux ans à venir pour doper les rentrées fiscales.

Patrick Coquidé