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Compte pénibilité: "pas question d'y renoncer" assure Touraine

Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, qualifie le compte pénibilité d'"avancée majeure" et prévient qu'il n'est "pas question d'y renoncer".

Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, qualifie le compte pénibilité d'"avancée majeure" et prévient qu'il n'est "pas question d'y renoncer". - Kenzo Tribouillard - AFP

La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a estimé ce mercredi qu'il n'était "pas question" de renoncer au compte pénibilité, dont les patrons, mobilisés cette semaine, demandent la suppression.

Une "usine à gaz" pour le patronat, "une avancée majeure" pour Marisol Touraine. La ministre des Affaires sociales a défendu ce mercredi 3 décembre la pertinence de ce dispositif qui mesure la rudesse des conditions de travail de certains salariés. Elle a ainsi prévenu qu'il n'était "pas question d'y renoncer".

Ce compte "va permettre à des centaines de milliers de personnes de partir à la retraite plus tôt parce qu'ils ont exercé des métiers pénibles", a-t-elle souligné sur I-Télé.

Le message s'adresse au patronat, qui dénonce à cors et à cris cette mesure pourtant contenue dans la dernière réforme des retraites issue des négociations entre partenaires sociaux. Toute cette semaine, CGPME, Medef et UPA se mobilisent, certains même en battant le pavé, pour fustiger les contraintes qui pèsent sur leurs entreprises. En premier lieu, ce fameux compte pénibilité.

Elle leur a d'ailleurs adressé une mise en garde directe: "ce n'est pas en tempêtant, en protestant, en agressant verbalement, je le dis au patronat, que nous irons de l'avant".

Complexe et coûteux selon les patrons

Plusieurs fois remanié pour le rendre plus simple, le compte pénibilité a été créé pour que les salariés qui ont travaillé dans des conditions difficiles puissent, soit partir plus tôt en retraite, soit obtenir plus de formations, soit des réductions de temps de travail.

En pratique, il faudra que les entreprises mesurent pour chaque salarié le degré de difficulté de ses conditions de travail. Un système des points attribués en fonction de quatre critères comme le poids des charges portées ou l'exposition à des températures extrêmes. Le nombre de points ouvre ensuite différents droits. Le dispositif pourrait à terme concerner un salarié sur cinq, selon le gouvernement.

Mais les dirigeants d'entreprises lui reprochent sa complexité et son coût de déploiement. Le Medef en a d'ailleurs fait son "nouveau combat". Son président, Pierre Gattaz, met en garde contre l'instauration d'une "bureaucratie à la Kafka", un "marqueur anti-économique, anti-entreprise".

Le gouvernement l'aménage mais ne le retire pas

Le patronat dénonce en outre son coût. Le gouvernement considère que la généralisation du compte pénibilité devrait coûter 500 millions d'euros en 2020. Le Medef craint qu'il atteigne "2,5 à 3 milliards d'euros à horizon 2030". Une enquête de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie parue lundi chiffre encore son poids à 500-600 euros par an et par salarié.

Les patrons avaient obtenu de Manuel Valls un report partiel de son entrée en vigueur: elle devait intervenir au 1er janvier 2005. Finalement, ce sera une "montée en charge progressive" pour une généralisation en 2016. 

Mais depuis, le gouvernement fait bloc. Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, répondait aux critiques des députés de l'opposition en novembre en évoquant "une formidable avancée". Il avait appelé "les représentants patronaux à leur devoir de responsabilité : si l’on met le feu chaque fois que l’on applique la loi, dans quel pays vivrions-nous?"

Nina Godart avec AFP