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Coronavirus: le syndicat des indépendants fustige l'attitude des banques et des assureurs

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Si le syndicat salue l'action des administrations sociales et fiscales dans la crise, il critique vertement le manque de solidarité de leurs principaux partenaires.

Les mesures fortes du soutien actionnés par le gouvernement pour éviter qu'une multitude d'entreprises sombrent semblent unanimement saluées. Mais du côté des partenaires privés comme les banques ou les assureurs, les critiques commencent à fuser.

Si ces acteurs affirment prendre le relais de ces mesures, notamment les assureurs et les banques avec les prêts garantis par l'Etat, pour certains professionnels, le compte n'y est pas. Loin de là.

C'est le cas du syndicat des indépendants (SDI) qui n'a pas de mots assez durs pour fustiger le comportement des banques, des assureurs et des expert-comptables.

"Faillite morale des assureurs"

Selon un sondage, "les chefs d'entreprises artisanales, commerciales, libérales et dirigeants de TPE estiment encourageante l'action des administrations sociales et fiscales dans la crise du Coronavirus. Toutefois, ces professionnels dénoncent la faillite financière et morale des assureurs, un soutien bancaire timoré pour ne pas dire défaillant voire absent, ainsi que le comportement peu solidaire des cabinets comptables". 

Dans le détail, ce sont les assureurs qui en prennent le plus pour leur grade. "Alors que 51% des chefs d'entreprise interrogées ont sollicité leur assurance au titre de leur couverture perte d'exploitation, la réponse des assureurs est uniformément négative. L'attitude des complémentaires maladie au titre d'un arrêt de travail pour garde d'enfant de moins de 16 ans est quasi similaire avec un taux de refus de 96%", avance le SDI.

"L'abondement au fonds de solidarité à hauteur de 200 millions d'euros des assureurs est perçu comme une aumône, de surcroît après l'annonce de la seule MAIF d'une économie évaluée à 100 millions sur la période de confinement en raison de la chute de 80% des sinistres automobiles", poursuit le syndicat.

Les assureurs refusent en effet de couvrir cette perte d'exploitation. Sur BFM Business, Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France et directeur général de la Fédération française de l'Assurance soutient que la crise actuelle ne relève pas "d'un risque aléatoire ou assurentiel mais de ce qu'on appelle d'un risque systémique. Tout le système est touché". "On ne peut pas aujourd'hui couvrir ces problèmes de pertes d'exploitation parce qu'il ne s'agit pas d'une garantie d'assurance".

L'accès au crédit reste compliquée

Concernant les banques, le syndicat constate "que les banques n'ont pas fait évoluer leurs critères d'acceptation des crédits, ce qui présage de dizaines de milliers de liquidations judiciaires, en contradiction avec les affirmations du ministre de l'Économie".

"Il n'est un secret pour personne que la trésorerie est le point faible des entreprises en général et des TPE en particulier (...) Leur capacité à traverser cette crise dépend donc intégralement d'un accès facilité et généralisé au PGE (Prêt Garanti par l'État). A ce stade, 43% des structures ayant fermé leurs portes ont sollicité un PGE auprès de leur établissement bancaire. Si 41% d'entre elles ont obtenu le prêt sollicité, 47% restent dans l'attente angoissante d'une réponse. Dans l'intervalle, tout incident de paiement sur le compte (rejet de chèque ou de prélèvement) dégradant leur note, leur fermera les portes du PGE", souligne le SDI.

Les experts comptables "peu solidaires"

Enfin, et c'est une surprise, le syndicat s'étonne de "l'attitude peu solidaire des experts comptables". "84% des professionnels ont eu le réflexe de faire appel à leur comptable dans le cadre des démarches administratives à réaliser pour faire valoir leurs droits. Lorsque 30% d'entre eux se sont vu présenter une facture complémentaire au titre de ces diligences, 54% restent dans l'attente de la facturation à intervenir. Beaucoup dénoncent des honoraires très élevés, variant notamment de 200 à 600 euros HT pour une simple déclaration de chômage partiel". 

Face à ces constats, le SDI demande que soient rapidement inclus dans les dispositifs de soutien aux TPE, 14 de ses propositions parmi lesquelles figurent une taxe exceptionnelle sur les compagnies d'assurance à hauteur d'1 milliard d'euros par mois sur la durée de l'état d'urgence sanitaire, mois de mars compris et l'annulation des charges sociales et fiscales sur la même période.

Olivier Chicheportiche