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Finances publiques

La Cour des comptes dénonce le train de vie fastueux de Sciences Po

Salaires du patron et des professeurs, coût des études, absences de contrôle... La Cour des comptes a beaucoup à redire sur la gestion des deniers publics à Sciences Po sous l'ère Descoings

Salaires du patron et des professeurs, coût des études, absences de contrôle... La Cour des comptes a beaucoup à redire sur la gestion des deniers publics à Sciences Po sous l'ère Descoings - -

Un rapport de l'Institution estime, au vu de la gestion "peu scrupuleuse" menée sous l’ère de feu Richard Descoings, qu'une réforme de l’école parisienne est nécessaire. Reportage vidéo: Nicolas de Labareyre

La Cour des comptes condamne la gestion de Sciences Po Paris sous l'ère de Richard Descoings, décédé en avril dernier. Dans un rapport, que s’est procuré Le Monde, l’Institution égrène les motifs d’abus.

A commencer par les rémunérations que s’octroyaient les dirigeants. Entre 2005 et 2011, la rémunération annuelle brute du patron de l'Institut d'études politiques (IEP), Richard Descoings, a crû de 60,4% pour culminer à 537 246,75 euros en 2010 . "A titre de comparaison, la rémunération annuelle brute du président d'un autre grand établissement universitaire était de 160 095,61 euros en 2011", fustige la Cour. De plus, cette rémunération ne reposait sur aucun fondement légal, puisqu’elle n’a été formalisée ni par le biais d’un contrat, ni voté en conseil d’administration.

Mais le patron de l’école n’a pas été le seul à bénéficier de largesses. Jean-Claude Casanova, le président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP, qui gère l'IEP) a lui aussi vu sa prime plus que doubler en trois ans. Ainsi, il percevait 16 500 euros en 2007 et 36 000 en 2010 et 2011.

Des salaires à temps plein pour des heures à minima

Le contrôle menée par la Cour des comptes a mis en lumière la grille de rémunérations très variable d’un professeur à l’autre. Certains enseignants prestigieux ont ainsi bénéficié d’une rémunération des plus favorables. La Cour souligne qu’ils sont mieux payés qu’à l’université.

Elle donne un exemple parlant: un directeur d’un département a doublé son traitement en 2011, en effectuant 60 heures de cours sur l’année à l’IEP. Dans la catégorie des enseignants-chercheurs, la Cour estime qu'ils effectuent 30% de leur service mais qu’ils sont payés à taux plein.

Les largesses peuvent aussi prendre la forme d’un logement de fonction. Là encore, la Cour des comptes fournit l'exemple édifiant du directeur d'un centre de recherche qui a bénéficié gracieusement pendant cinq ans d'un logement de fonction situé rue d'Ulm, à Paris. Le loyer mensuel était estimé à 3257 euros, mais il a déclaré un avantage en nature annuel de 1560 euros. Le bail a par la suite a été transféré à son nom, et l’IEAP lui a augmenté une de ses primes du montant exact du loyer, soit 3257 euros par mois.

Des études chères pour les familles et l'Etat

Le coût des études a aussi fait l’objet d’un examen de la part de la Cour des comptes. Celle-ci explique que le coût moyen d'un étudiant est supérieur de "plus de 3000 euros à celui d'un étudiant à l'université Paris-Dauphine". Le Ministère de l’enseignement supérieur s’acquitte ainsi un surcoût de 300 euros par étudiant. Et les familles devaient verser 3000 euros en 2010, alors que celles dont l’étudiant suit un cursus à Dauphine ne versait que 400 euros. La Cour "invite le ministère à revoir au moins en partie sa subvention à la baisse".

Au final, la Cour des comptes remet en cause l'absence totale de contrôle interne et externe. Le statut obsolète a entraîné une gabegie d'argent public et de nombreux dysfonctionnements. Elle juge que la question d'une réforme "mérite d'être reposée".

BFMbusiness.com et AFP