Croissance nulle: les conséquences pour la France
L'Insee l'a annoncé, ce jeudi 14 août 2014: au deuxième trimestre, le PIB français a stagné, avec une croissance de 0%. Dans le reste de l'Europe, les nouvelles ne sont pas meilleures, puisque l'Allemagne perd 0,2% sur la même période et que la croissance de l'UE est elle aussi de 0%.
Michel Sapin a déjà réagi, et table désormais sur une hausse du PIB de 0,5% en 2014, contre 1% précédemment. La droite fustige d'ailleurs le gouvernement pour ces résultats. Mais entre la dette publique et l'emploi, la croissance française en berne n'aura pas que des conséquences pour la vie politique française.
> Un impact direct sur l'emploi
Ce n'est pas parce que la France évite la croissance négative que l'emploi restera à l'équilibre. Même si les commandes restent au même niveau, dans un pays comme la France, "le même employé devient plus productif chaque année", explique Eric Heyer, directeur adjoint au département analyse et prédiction de l'OFCE.
Si la demande reste stable, les entreprises ont besoin de moins d'employés. "Avec une croissance zéro, les entreprises doivent se séparer de certaines personnes pour économiser, baisser leurs prix et rester compétitives", résume-t-il.
> Les objectifs de déficit revus à la baisse
En annonçant que la France divisait sa prévision de croissance 2014 par deux, Michel Sapin a également prévenu que la France ne tiendrait pas l'objectif de déficit de 3,8% du PIB cette année. Le gouvernement vise désormais les 4%, et doit convaincre Bruxelles qu'il ne peut pas faire mieux.
Le budget de l'Etat 2014 avait été prévu en tablant sur une croissance de 1%. Si le PIB a moins augmenté que prévu, les recettes de l'Etat baisseront également, même si ses dépenses resteront similaires.
Reste à savoir si la France arrivera à convaincre Bruxelles: "Le vrai impact de ce taux de croissance sera politique", estime Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank. "La France n'est plus en position de force, et aura du mal à renégocier sa position".
> Des conséquences peu visibles sur les marchés
Si le CAC 40 a d'abord enregistré une baisse nette, elle est ensuite repartie à la hausse, visiblement plus influencée par les annonces de Vladimir Poutine que par la croissance française. "La Bourse de Paris n'est pas très sensible à la croissance française, confirme Christopher Dembick.
Paradoxalement, le taux d'emprunt de la France n'a jamais été aussi bas. Selon Christopher Dembick, "Il n'y a aucun lien entre les taux de croissance et cette baisse du taux d'emprunt: l'Allemagne n'emprunte plus sur les marchés, et les investisseurs doivent se rabattre sur le numéro deux de la zone euro."