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Finances publiques

Croissance, déficit: l'exécutif ne cache plus son pessimisme

La prévision officielle de croissance reste de 1% pour 2014

La prévision officielle de croissance reste de 1% pour 2014 - -

Alors que l'Insee doit annoncer le 14 août son estimation de croissance pour le deuxième trimestre, la polémique se développe sur la possibilité pour Paris de tenir ses engagements budgétaires en 2014. L'exécutif en tout cas a changé de discours.

La France peut-elle encore atteindre 1% de croissance en 2014 et réduire son déficit à 3,5%? Michel Sapin aurait, selon Le Canard Enchaîné de ce 6 août, laissé entendre qu'au delà de 0,5% de croissance, ce serait déjà bien. Des propos cependant démentis par Bercy dès hier soir.

En fait, la question n'est plus de savoir si Bercy va revoir à la baisse ses prévisions de croissance et de déficit mais quand va-t-il le faire. C'est une question de jours puisque les grandes lignes du budget 2015 seront dévoilées au mois de septembre.

Relations avec Bruxelles

Ce qui parait acté, c'est que le 1% de croissance qui était prévu cette année sera inatteignable. Alors où placer le curseur ? L'Insee table sur 0.7%, Mooddy's 0.6%. Bercy va donc surement se caler autour de ces estimations.

Car il parait doublement compliqué de réviser brutalement la croissance de 1% à 0.5%. D'un point de vu politique, une révision aussi forte envoie le message d'un gouvernement qui a très mal calibré sa politique economique. D'un point de vu financier, plus on revise à la baisse la croissance, plus le déficit se creuse. Et plus les relations se tendent avec Bruxelles...

Changement de communication

En tout cas, François Hollande et Manuel Valls préparent les esprits depuis plusieurs semaines à une croissance plus faible que prévu. En terme de communication, là aussi, le changement est radical.

Fini l'optimisme permanent ! François Hollande ne prend plus le risque d'annoncer une reprise durable, un "retournement ecnonomique", ou une inversion imminente de la courbe du chomage. Non, le chef de l'Etat est rattrapé par un principe de réalité. Et aujourd'hui, c'est le risque de déflation qu'il pointe du doigt.

Mais ce discours de vérité est à double tranchant. D'un côté, il oblige les responsables à envoyer des messages anxiogènes. Ce tableau sombre peut décourager les agents économiques, et il donne du grain à moudre à une partie de la majorité qui remet en cause la politique de l'offre de Hollande.

Mais de l'autre côté, ce nouveau discours redonne de la crédibilité à une parole politique démonétisée car trop optimiste. François Hollande et Manuel Valls pourraient s'appuyer sur cette mauvaise conjoncture pour justifier des réformes douloureuses et difficiles à mettre en oeuvre, comme la réforme des professions reglementées à la rentrée.

Stratégiquement, le gouvernement pourra plus facilement légiférer au nom d'une compétitivité à retrouver au plus vite.

|||sondage|||2111

Mathieu Jolivet