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Finances publiques

Croissance française: vers une nouvelle désillusion?

François Hollande et Manuel Valls s'attendent à une rentrée économique difficile.

François Hollande et Manuel Valls s'attendent à une rentrée économique difficile. - Dominique Faget

Alors que l'Insee va publier jeudi sa première estimation de croissance pour le deuxième trimestre, tous les indicateurs semblent indiquer que le chiffre se situera en deçà des espérances gouvernementales.

Les ennuis ne devraient pas attendre la fin de l’été pour frapper à la porte de l’exécutif français. Jeudi 14 août, l’Insee va en effet livrer sa première estimation de croissance pour le deuxième trimestre. Problème: tout porte à croire que le "retournement" promis par François Hollande n’a toujours pas eu lieu. Car depuis le mois d’avril, les indicateurs économiques se suivent et se ressemblent, promettant un verdict douloureux pour le gouvernement.

La production industrielle a ainsi reculé de 0,5% au deuxième trimestre. Le déficit commercial, lui, ne se résorbe pas, et s’est établi à 29,2 milliards d'euros au premier semestre. Les défaillances d'entreprises, de leur côté, ne connaissent pas de baisse significative.

Le moral des ménages miné

Seule la consommation des ménages, éternel soutien de l'économie en France, a tenu le choc avec une hausse de 1% au deuxième trimestre. Cette augmentation doit toutefois beaucoup à un rattrapage des dépenses d'énergie après un début d'année anormalement doux, ce qui ne dit rien de la propension profonde à consommer.

D'ailleurs, à en croire l'Insee, le moral des ménages reste miné par la peur du chômage. Celui des entreprises ne montre pas de signe de retournement, malgré les baisses de charges à venir, selon la même source.

Les prévisions, elles aussi, se sont assombries. La Banque de France, après avoir sondé les entreprises, a d'ores et déjà prévenu que la croissance devrait tourner autour de 0,2% au troisième trimestre.

L'objectif de réduction du déficit s'éloigne

Conséquence de cette morosité ambiante, de nombreux économistes et institutions internationales ont déjà révisé à la baisse leurs attentes pour la croissance française sur l'ensemble de l'année 2014. Les prévisions s'échelonnent ainsi entre 0,5% et 0,7%, loin du 1% qu'espère toujours officiellement le gouvernement.

Sans redémarrage franc, synonyme d'abondantes rentrées fiscales et de baisse des dépenses sociales, Paris ne pourra tenir ses engagements européens, à savoir un déficit public limité à 3,8% du PIB cette année, contre 4,3% en 2013, et tombant à 3% l'an prochain. Le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a d’ailleurs jugé inévitable l’abandon de l’objectif des 3% du PIB en 2015.

Hollande s'en remet à Berlin

L'exécutif s'est donc employé ces dernières semaines à préparer les esprits à des temps économiques "difficiles", selon l'expression du Premier ministre Manuel Valls. Renouant avec les accents de sa campagne présidentielle, François Hollande a de son côté appelé l'Allemagne à redonner des couleurs à cette économie pâlichonne, non seulement en France, mais aussi dans toute l'Europe. Il a été sèchement éconduit par un porte-parole du gouvernement allemand, pour qui les "déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique".

Selon certains économistes toutefois, Berlin pourrait être incité à réagir face à la mollesse de la croissance en zone euro, qui ne l'épargne plus. Certains économistes jugent même que le PIB de l'Allemagne a reculé au printemps, comme celui de l'Italie.

Yann Duvert avec AFP