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Economie et Social

Croissance : reprise poussive

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L’Insee vient de présenter ses dernières prévisions portant sur la fin 2013 et le début 2014. Il parle de « reprise poussive ». La croissance en 2013 aura été de 0,2%, conforme à ce qui avait été prévu au printemps dernier ( l’Ocde misait alors sur une croissance de 0,3%).

La croissance n'a pas bonne mine même si les prévisions pour 2014 ne sont pas catastrophiques. La croissance serait de 0,2% au premier trimestre 2014, ce qui est faible même si c’est en conformité avec la croissance pour toute l’année 2014 prévue par le gouvernement (0,9%)

Ce n'est pas encore le retour de la croissance

L’Insee parle de « reprise poussive ». L’économie française est à la peine. En 2013, nous aurons retrouvé juste le niveau de production de 2008. L’économie française évolue de façon cyclique et connaît des récessions (1975, 1993, 2009) suivies de reprises. Nous sommes dans ce schéma ; ce qui est inquiétant, c’est que chaque reprise est d’une ampleur moins forte que la reprise précédente. En ce moment, c’est particulièrement sensible : il a fallu 5 ans pour effacer la récession de 2009 et 2014 sera encore marquée par une croissance faible.

La conséquence est que le chômage continue à augmenter, heureusement légèrement, malgré les annonces du président de la République. Une des raisons de cette augmentation est que la population active, c’est-à-dire le nombre de personnes susceptibles de travailler augmente. En 2014, la population active augmentera de 120 000. Pour inverser réellement la courbe du chômage, il faudrait une croissance de 1,5%, croissance que nous ne retrouverons d’après l’Ocde qu’en 2015.

La seule bonne nouvelle est que, comme l’inflation est très basse (moins de 1%) , le pouvoir d’achat se maintient.

Sommes-nous condamnés à une croissance lente ?

Les pays riches comme les Etats-Unis ou l’Europe sont entrés dans une période de faible croissance. Néanmoins, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne ont tous une croissance supérieure à la nôtre. La raison est qu’ils ont fait des réformes tournées vers la baisse des dépenses publiques, la baisse des contraintes sur les entreprises et la flexibilité sur le marché du travail. C’est d’autant plus urgent que le tissu d’entreprises se défait : le nombre de faillites en 2013 a augmenté de 4% et il sera supérieur à celui de 2009, l’année de la récession.

Tout le monde suggère à la France de se réformer et de tout faire pour que l’investissement des entreprises redémarre. Le dernier à l’avoir fait est le président de la BCE qui a solennellement demandé à la France de s’engager dans cette voie lors de sa dernière conférence de presse. Notre absence de réforme nuit à notre croissance et à notre rayonnement politique.

Jean-Marc Daniel