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Finances publiques

Croissance : trois ans de prévisions erronées

Pour Nicolas Sarkozy comme pour François Hollande, les prévisions de croissance sont un exercice périlleux.

Pour Nicolas Sarkozy comme pour François Hollande, les prévisions de croissance sont un exercice périlleux. - Elmond Jyane - AFP

L’Insee a estimé, jeudi 14 août, que la croissance française avait été nulle au deuxième trimestre, mettant un terme aux espoirs gouvernementaux de la voir atteindre 1% sur l’année. Comme depuis trois ans, les prévisions ne se sont donc pas vérifiées.

Le semestre écoulé, marqué par une croissance économique nulle en France, devrait sonner le glas des prévisions annuelles du gouvernement. Ce dernier tablait en effet officiellement sur une hausse de 1% du PIB en 2014, mais Michel Sapin, le ministre des Finances, se montre désormais sceptique et évoque le chiffre de 0,5%. Depuis le début du quinquennat, comme durant le mandat précédent, les calculs gouvernementaux se sont rarement révélés justes. Le point sur trois ans de prévisions erronées.

2012 : le grand écart

Lors de l’élaboration de la loi de programmation des finances publiques pour les années 2009 à 2012, le gouvernement Fillon s’était montré résolument optimiste, avec une prévision de croissance de 2,5% pour 2012. Deux ans plus tard, au moment de préparer le Budget 2012, l’exécutif ne table pus que sur une augmentation du PIB de l’ordre de 1,75%. Une estimation remise en cause par Nicolas Sarkozy lui-même en novembre, qui annonce lors d’une intervention télévisée que la croissance ne devrait pas dépasser 1%.

L’ancien président français se cramponnera à ce chiffre lors de la campagne présidentielle, alors que de son côté, François Hollande évoque une croissance de 0,5%. Peu de temps après son élection, la prévision de croissance sera ramenée à 0,3% lors d’une loi de finances rectificative. Et au final, l’Insee dévoile le chiffre officiel pour l’année 2012 : 0% et le début des ennuis pour le nouvel exécutif.

2013 : la France sauve les meubles

Le Budget 2013 fait état d’une croissance annuelle de 0,8%, ce qui a pour effet de susciter la méfiance de nombreux économistes. Et pour cause : un collectif budgétaire vient largement contredire les prévisions initiales. L’estimation du gouvernement Ayrault verse désormais dans le pessimisme, avec une prévision de croissance de 0,1%. Le tout sur fond de promesse d’une inversion de la courbe du chômage. Quelques mois plus tard, les statistiques apportent un petit bol d’air aux dirigeants français : à la surprise générale, le PIB français a connu une hausse de 0,3%.

2014 : la désillusion ?

Le gouvernement se montre, cette fois-ci, relativement prudent, avec une croissance estimée à 0,9% en 2014, contre 1,2% prévu dans le programme de stabilité élaboré quelques mois avant. En avril, Michel Sapin, fraîchement nommé ministre des Finances, s’autorise une sortie confirmant que le nouveau gouvernement table désormais sur une hausse de 1% du PIB pour l’année en cours. Un chiffre avec lequel le FMI semble d’accord. Las, la reprise s’avère trop faible, et le même Michel Sapin a fait part ce jeudi de ses craintes de voir la croissance plafonner à 0,5% en 2014. Le deuxième trimestre semble malheureusement lui donner raison…

Prévisions de croissance: qui avait raison?

Nombre d'organisme publient des prévisions de croissance pour la France. A l'heure des comptes, il apparaît que PERSONNE ne s'attendait au 0% du deuxième trimestre.

L'Insee tablait sur 0,3%, comme le gouvernement, l'OCDE et la Commission européenne. Seule la Banque de France était moins optimiste: elle avait révisé sa prévision en baisse à 0,2% au tout dernier moment, mi-juillet.

Sur l'année en revanche, les prévisions d'Emmanuel Lechypre pour BFM Business semblent avoir visé juste: dès janvier, il avait tablé sur une croissance annuelle de 0,5%. Exactement le taux auquel le gouvernement a ramené la sienne, contre 1% initialement envisagés.

Paris faisait preuve d'optimisme par rapport aux autres: la Commission européenne prévoyait 0,9% pour 2014, tandis que le FMI, l'Insee et l'OCDE voyaient plutôt 0,7% sur l'année.

Yann Duvert avec Nina Godart et Olivier Laffargue