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Culture et médias: ce que veut faire Macron

Emmanuel Macron avec Line Renaud et Stéphane Bern dimanche soir au Louvre

Emmanuel Macron avec Line Renaud et Stéphane Bern dimanche soir au Louvre - AFP Thomas Samson

"Le programme d'Emmanuel Macron contient quelques propositions, qui ne cherchent pas à modifier profondément le secteur. "

La culture et les médias ne sont pas le sujet central du programme présidentiel d'Emmanuel Macron. Son programme en la matière est assez maigre, peu détaillé et jamais radical. Revue de détail. 

Le budget

Le budget de la culture sera "maintenu", promet le programme d'En Marche! Il s'élèvera à "1% du budget de l'État", a précisé Emmanuel Macron auprès de Télérama, ajoutant: "Le budget de la création sera stable et pérenne, comme celui du patrimoine". En pratique, "les politiques d'accès à la culture bénéficieront en priorité de réallocations venant, par exemple, de l'audiovisuel public où il y a un très gros budget".

Autre projet du nouveau président: créer un fonds d'investissement de 200 millions d'euros "consacré à l'amorçage et au développement des entreprises innovantes dans les industries créatives et culturelles", a-t-il expliqué à Electron libre. Ce fonds sera géré par BPIFrance en s'appuyant sur l'expertise de l'Ifcic. 

Dans son programme, Emmanuel Macron promet aussi d'"évaluer" l'efficacité de toutes les politiques culturelles, de "conforter" le soutien au mécénat, et de "maintenir" la non-imposition des oeuvres d'art dans l'ISF.

L'audiovisuel

Le programme d'Emmanuel Macron promet de réduire le nombre de chaînes publiques: il veut "concentrer les moyens sur des chaînes moins nombreuses". Il veut aussi "rapprocher les sociétés audiovisuelles publiques", c'est-à-dire France Télévisions, Radio France et France Médias Monde. Enfin, les patrons des chaînes publiques ne seront plus nommés par le CSA, mais par les conseils d'administration des chaînes, après "un appel public à candidatures". La composition de ces conseils d'administration sera à l'avenir "plus indépendante et plus ouverte", avec des "personnalités irréprochables", a précisé le candidat dans TéléramaLa désignation des administrateurs, aujourd'hui effectuée par l'État et le CSA, pourra "passer par un débat à l'Assemblée nationale". 

Enfin, le programme d'En Marche! promet de "simplifier la réglementation audiovisuelle en matière de publicité, de financement et de diffusion". Frédérique Dumas, membre du comité politique d’En Marche!, détaille: "Nous voulons réfléchir à une évolution de la chronologie des médias, des interdictions de faire de la publicité à la télévision qui pèse sur des secteurs comme le cinéma, et des relations entre chaînes et producteurs. Ce débat doit s'ouvrir dans un esprit de contractualisation et de responsabilité: il y a des droits et des devoirs. Et il doit avoir un principe: le respect de la diversité culturelle".

Internet

Emmanuel Macron veut "renforcer l'action contre les sites pirates", indique son programme. Emmanuel Macron veut faire payer les géants du web. Ils doivent "payer leurs impôts comme les autres et être soumis aux mêmes obligations", assure son programme, qui veut là aussi agir au niveau européen: "Il faut réussir à taxer leur chiffre d'affaires dans toute l'Europe", assure-t-il dans Télérama.

Autre proposition du programme: "créer les conditions de l’émergence d’un Netflix européen exposant le meilleur du cinéma et des séries européennes".

La propriété des médias

Le programme d'Emmanuel Macron promet de "garantir l'indépendance éditoriale des médias d'information". Pour lui, "la présence d'actionnaires industriels et financiers au capital de groupes de presse est une réponse aux difficultés économiques de la presse. Mais elle est source de soupçons sur la réalité de l'indépendance des rédactions et la liberté de la presse". Concrètement, le programme propose de "créer un nouveau statut pour l'entreprise de presse, sur le modèle des trusts anglo-saxons, pour garantir l'indépendance éditoriale et journalistique". Dans Télérama, le candidat avait précisé: "La loi séparera les propriétaires-actionnaires de ceux qui administrent le projet économique, afin que ces derniers ne soient pas dans la main du prince. En revanche, je ne souhaite pas interdire aux grands groupes industriels leur présence au capital de la presse, sinon on ne la financera plus à long terme". Enfin, Emmanuel Macron "ne s'interdit pas de revoir la législation anti-concentration qui a vieilli", a-t-il déclaré à Electron libre.

L'accès à la culture

C'est la priorité du programme du successeur de François Hollande, qui propose trois mesures en ce sens. D'abord, ouvrir les bibliothèques le soir et le dimanche, le surcoût généré étant "pris en charge par l'État". Ensuite, donner "accès à l'éducation artistique et culturelle" à tous les enfants, au lieu de seulement la moitié actuellement. Pour cela, l'État "soutiendra, par des appels à projets, les initiatives locales". Enfin, chaque Français se verra offrir pour ses 18 ans un "pass culture" de 500 euros qu'il pourra dépenser pour des films, des livres, des musées, du théâtre ou de la musique (en concert ou enregistrée). Ce pass sera financé "très minoritairement" par l'État, et pour le reste par la filière: éditeurs, distributeurs, exploitants de cinéma, des salles de spectacles, grandes plateformes numériques (Google, Amazon, Facebook, Apple). Ce pass s'inspire d'une mesure similaire prise en Italie par Matteo Renzi. Au total, ces trois mesures coûteront à l'État environ 200 millions d'euros par an, qui seront dégagés en ré-allouant des budgets, a indiqué le candidat sur France culture.

L'intermittence

Emmanuel Macron promet de "pérenniser et de l'adapter" statut d'intermittent du spectacle.

L'équipe culturelle du candidat

Chez En Marche!, la culture et les médias relèvent de deux membres du comité politique: l'UDI Frédérique Dumas (productrice de cinéma et conseillère régionale d'Ile-de-France) et le socialiste Stéphane Travert (député de la Manche).
Le responsable du programme culture et médias est Marc Schwartz, énarque, conseiller référendaire à la Cour des comptes, qui fut conseiller au cabinet de DSK à Bercy, puis directeur financier de France Télévisions sous la présidence de Marc Tessier.
Selon La lettre A, le groupe de travail qui a élaboré ce programme culture comprenait aussi Dorothée Stik (énarque, ex-conseillère technique d'Emmanuel Macron à Bercy chargée notamment des industries culturelles), Fabrice Bakhouche (énarque, conseiller référendaire à la Cour des comptes, ancien directeur de cabinet de Fleur Pellerin rue de Valois), son épouse Claudia Ferrazi (énarque, ex-administratrice générale adjointe du Louvre), et Isabelle Baragan (chargée des relations presse au musée du Quai Branly).

Jamal Henni