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Darmanin défend "le budget des promesses tenues"

Le gouvernement a défendu son projet de budget pour 2018.

Le gouvernement a défendu son projet de budget pour 2018. - Martin Bureau - AFP

Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont défendu devant la presse le budget présenté ce mercredi 27 septembre. Un projet de loi de finances censé renforcer la "crédibilité" de la France.

Des choix assumés malgré les polémiques. Le gouvernement a défendu mercredi son projet de budget pour 2018, fait de coupes budgétaires et de fortes baisses d'impôts, disant vouloir remettre la France dans les clous européens afin de renforcer sa "crédibilité". Le projet de loi de finances (PLF) 2018, premier du quinquennat Macron, est "le budget des promesses tenues", a assuré le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, en présentant à la presse ce texte à forte valeur symbolique.

En ligne de mire, les multiples réformes fiscales voulues par le gouvernement, mais aussi la réduction du déficit public, que le gouvernement a promis de ramener à 2,6% du produit intérieur brut (PIB) l'an prochain, après 2,9% en 2017. Cette cible de déficit va "nous permettre de sortir de la procédure européenne de déficit excessif", dans laquelle la France se trouve "depuis 2009", a estimé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. "Pour que nous retrouvions notre crédibilité en Europe, il faut que nous respections nos engagements", a ajouté le locataire de Bercy, insistant par ailleurs sur la nécessité d'avoir des "priorités claires" pour le pays.

Soutien à l'activité et à l'innovation

Parmi ces "priorités": le soutien à l'activité et à l'innovation, via des allègements fiscaux. Le "PLF" prévoit ainsi l'instauration d'une "flat tax" de 30% sur les revenus du capital et programme une baisse de l'impôt sur les sociétés de 33% à 25% d'ici 2022. Il réduit par ailleurs le champ de l'impôt sur la fortune (ISF) aux seuls biens immobiliers.

C'est un "changement de regard dans la stratégie budgétaire", a insisté le porte-parole de gouvernement, Christophe Castaner, disant "assumer" de "vouloir créer des richesses avant de les redistribuer". Un argument rejeté par la gauche, mais également par certaines ONG, à l'image d'Oxfam, qui a dénoncé dans un communiqué l'existence de "cadeaux fiscaux" mettant "à mal la fonction redistributive et solidaire de l'impôt".

Du côté de l'exécutif, on nie vouloir favoriser les contribuables fortunés. Les réformes du projet de budget 2018 "bénéficieront à tous les Français sans exception", a souligné Bruno Le Maire, en insistant sur les mesures favorables au "pouvoir d'achat". Parmi elles: la suppression des cotisations salariales pour les travailleurs du privé, et la suppression progressive de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, avec une première étape de trois milliards d'euros en 2018.

Baisse des prélèvements plus faible que prévu

D'après le PLF, la baisse des prélèvements sera toutefois plus faible que prévu pour l'année 2018, de l'ordre de sept milliards d'euros, au lieu des dix milliards annoncés par le gouvernement. Cette différence de 3 milliards tient au fait que la baisse des cotisations salariales, initialement prévue le 1er janvier, se fera pour partie en octobre 2018, ce qui réduira significativement le bénéfice de cette mesure pour les personnes concernées. En année pleine, il y aura "bien 10 milliards d'euros d'impôts en moins", assure toutefois Bercy, qui insiste sur le respect des engagements, notamment dans le financement des priorités fixées par l'exécutif, comme l'éducation ou la sécurité.

Plusieurs ministères vont ainsi bénéficier d'un coup de pouce budgétaire l'an prochain, à l'image des Armées, dont le portefeuille augmentera de 1,8 milliard d'euros, de la Justice, qui gagnera 300 millions, ou de l'enseignement scolaire, budget le plus important de la Nation, qui gagnera 1,3 milliard d'euros, à 51,3 milliards.

De lourdes coupes budgétaires

En contrepartie, de lourdes coupes budgétaires ont été décidées sur certaines missions: les aides au logement seront ainsi réduites de 1,7 milliard d'euros, tandis que les contrats aidés seront amputés de 1,5 milliard d'euros. Côté transports, une pause sera aussi imposée dans les grands projets d'infrastructure. Au total, 15 milliards d'euros d'économies seront réalisées l'an prochain, dont la moitié sur le périmètre de l'État. Un montant inférieur à ce qui avait été annoncé durant l'été par le Premier ministre Édouard Philippe (20 milliards), mais néanmoins "sans précédent", selon Bercy.

"Nous n'avons qu'un objectif, c'est celui d'inverser la courbe de la dépense publique", a souligné Christophe Castaner. Selon Bercy, la hausse des dépenses sera ainsi limitée à 0,5% pour 2018, alors qu'elle était de près de 1% ces dernières années. Nous allons "remettre le pays sur les rails", a promis Gérald Darmanin.

Dans un avis remis au gouvernement, le Haut conseil des finances publiques (HCFP), chargé d'évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires, a toutefois mis en garde contre des "risques significatifs" pesant sur la "réalisation des économies", appelant le gouvernement à agir plus fortement sur son "déficit structurel". Une mise en garde relayée par le président LR de la commission des Finances à l'Assemblée nationale, Eric Woerth, qui s'est aussi inquiété des multiples "petites hausses" de fiscalité, qui toucheront "les ménages modestes et ruraux, le carburant, le livret A".

D. L. avec AFP