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Défense: un porte-avions c'est bien, deux, ce serait mieux

Le Charles-de-Gaulle a appareillé mardi 13 janvier pour l'Océan indien

Le Charles-de-Gaulle a appareillé mardi 13 janvier pour l'Océan indien - Patrick Valasseris-AFP

François Hollande présentera, ce mercredi 14 janvier, ses voeux aux armées depuis le Charles-de-Gaulle qui vient d'appareiller pour l'Océan indien. Pourtant, la France devra bientôt se passer de son seul porte-avions qui sera en révision pour 20 mois. Ce qui pose à nouveau la question: notre pays a-t-il encore les moyens d'intervenir dans le monde?

C'est depuis le Charles-de-Gaulle que le président de la République présentera, ce mercredi 14 janvier, ses voeux aux armées alors que la France est mobilisée contre la menace terroriste depuis les attentats de la semaine dernière.

Hier mardi, à la veille de ces voeux, le Parlement a autorisé à la quasi-unanimité la poursuite des frappes aériennes contre l'Irak dans le cadre d'une coalition internationale contre "l'Etat islamique".

Hier également, notre porte-avions nucléaire et son escorte ont appareillé de Toulon pour le Golfe persique puis l'Océan Indien dans le cadre des opérations de la coalition internationale. Une opération prévue de longue date mais qui prend naturellement une signification particulière dans les circonstances actuelles.

Les Opex ont coûté 1,1 milliard en 2014

Le chef de l'Etat, qui est aussi chef des armées, devrait rappeler aujourd'hui que plus de 7.000 soldats français participent à des opérations militaires extérieures, au Sahel et au Moyen Orient. En 2014, de l'aveu même de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, ces Opex ont coûté 1,1 milliard d'euros. François Hollande pourrait donc à l'occasion de ses voeux demander à nos partenaires européens d'aider financièrement la France dans son engagement militaire.

Cet engagement pose à nouveau la question: la France a-t-elle encore les moyens de ses actions militaires extérieures alors même que le budget de la Défense est soumis à de fortes contraintes ? L'exemple du Charles-de-Gaulle illustre parfaitement la question de l'effort militaire. Et des choix d'équipements qu'il nécessite. 

20 mois sans porte-avions

Le Charles-de-Gaulle sera en effet indisponible de l'automne 2016 au printemps 2018 pour une révision de 20 mois de ses deux réacteurs nucléaires. Une opération qui coûtera 1,2 milliard d'euro. Déjà, en 2013, le Charles de Gaulle n'a été disponible que six mois à cause de travaux.

Ces indisponibilités posent naturellement la question de l'intérêt d'un seul porte-avions. Que se passerait-il en cas de grave crise internationale durant l'indisponibilité du Charles-de-Gaulle ? Mais à 5 milliards d'euros le coût d'un petit frère à notre seul porte-avions, on comprend que la France n'ait jamais voulu en lancer la mise en chantier. 

La question est d'autant plus d'actualité que, faute d'un second porte-avions, la France s'est dotée en 2008 d'une base aérienne aux Emirats Arabe Unis, d'où partent les 9 Rafale qui bombardent l'Irak depuis l'automne. Un second porte-avions, terrestre celui-là, mais qui revient moins cher qu'un bâtiment de surface et les navires d'escorte et le sous-marin nucléaire d'attaque qui assurent sa protection.

Les Britanniques mettent les moyens

Paris et Londres ont pourtant envisagé en 2005 de lancer un porte-avions en commun. Une idée abandonnée en 2008 mais qui a quand même coûté 200 millions d'euros en frais d'études, en pure perte à la France selon la Cour des comptes.

Faute de coopération avec Paris, la Grande Bretagne, qui ne possédait plus de porte-avions depuis 2010, a décidé d'en construire deux toute seule afin d'assurer "une permanence en mer". Le 5 juillet 2014, la Reine Elisabeth a baptisé - au whisky- la coque du premier des deux navires qui portera le nom de... Queen Elisabeth.

Celui-ci ne devrait toutefois effectuer ses premiers essais qu'en 2017 pour entrer en service en 2020. Son coût programmé : 7,8 milliards d'euros. Le second n'est pas budgété, mais il a déjà un nom. Il devrait s'appeler Prince of Wales. La Royal Navy retrouvera alors un peu de sa superbe antérieure.

Patrick Coquidé