Déficit du régime des retraites: "un effet d'annonce pour inquiéter", estime le patron de la CFTC

Invité sur BFM Business, le nouveau patron de la centrale syndicale insiste sur la nécessité d'une reforme des retraites systémique et non pas seulement paramétrique.

Fraîchement élu à la tête de la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens, 5e syndicat français), Cyril Chabanier doit immédiatement entrer dans la danse des négociations complexes au sujet de la réforme du régime des retraites.

En vue de l'ultime round de négociation avec les partenaires sociaux sur la réforme des retraites, le gouvernement a demandé une nouvelle estimation du déficit au Conseil d'orientation des retraites (COR). Un déficit du régime qui serait compris entre 7,9 et 17 milliards d'euros en 2025.

Une manière de mettre la pression sur les syndicats avant le 5 décembre (date de la grande grève, qui concernera notamment la RATP et la SNCF) afin de les convaincre de la nécessité de la réforme. Ce qui ne plaît guère à Cyril Chabanier, invité ce mardi sur le plateau de "12H, l'Heure H" sur BFM Business.

"On a été un peu surpris d'avoir ces chiffres en milliards d'euros. Ce qui n'est pas habituel. Généralement, on a un pourcentage des dépenses de retraites par rapport au PIB. Donc il y a un peu un effet d'annonce pour inquiéter. On se rend compte que quand on revient au niveau du PIB, c'est un écart de 0,1 à 0,2 (point de PIB) avec ce qui était prévu donc ce n'est pas si important que ça. Et en même temps, si on se rend compte qu'il y aura un petit déficit en 2025, il pourrait être résorbé d'ici 2030. Donc, je n'ai pas une vision aussi alarmiste de ce qu'on a pu voir avec ce rapport. (...) Je ne sais s'il (le gouvernement, NDLR) joue à se faire peur, mais en tout cas je suis surpris qu'on annonce pas les chiffres comme d'habitude en pourcentage", détaille Cyril Chabanier.

La CFTC refuse de toucher à l'âge de départ à la retraite de 62 ans

"Quel est l'objectif?", s'interroge le secrétaire général. "Par rapport à ce rapport du COR, on entend tout et son contraire aujourd'hui. Certains s'en servent pour dire: 'avant de faire une réforme systémique, il faut faire une réforme paramétrique (changer l'âge, modifier les cotisations...), d'autres en profitent pour dire carrément le contraire: 'cette réforme systémique est plus que jamais nécessaire et le rapport du COR (incite) à aller encore plus rapidement dans cette réforme. Donc chacun l'interprète un peu comme il veut".

Reste que la CFTC soutient "l'idée générale" de la réforme "qui est un système par points. Après, une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand-chose". Mais la centrale refuse pour le moment d'actionner les leviers paramétriques avant d'engager la réforme systémique. "On ne souhaite pas toucher à l'âge des 62 ans. (...) Pour nous ce n'est pas possible de demander pour des personnes qui auraient travaillé 42 ans, arrivées à 62 ans, (...) de travailler un an ou deux ans supplémentaires gratuitement si on peut dire".

Olivier Chicheportiche